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La famille : lieu de réconciliation et de lien avec Dieu et avec les autres

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Ce partage nous est inspiré partant de la formation que nous avons eue en communauté ici à Yaoundé, pour marquer notre début d’année et notre introduction à la culture.[1] Les conférenciers nous ont parlé à partir de la réalité culturelle des Bamilékés de l’Ouest Cameroun, et ici nous faisons un effort de récupérer certains éléments pouvant renforcer notre identité xavérienne, en formation et en mission.

Le concept de « famille » nous est cher comme xavériens, non seulement en référence à la structure, mais aussi en fonction de chaque membre qui chemine à nos côtés et que nous sommes appelés à accueillir dans l’aujourd’hui de notre existence missionnaire selon les exigences de l’interculturalité. Si nous rajoutons au concept de famille celui de la « réconciliation » et celui du « lien » ou « rapport » avec les autres, nous pouvons ressentir retentir dans nos oreilles et dans nos cœurs, la fameuse invitation de notre Saint Fondateur « à nous aimer comme des frères et à nous respecter comme des princes ».

Nous sommes convaincus que c’est dans la mesure où nous intégrons les implications des rapports vrais et sincères, basés sur les principes de famille et de réconciliation, que nous pourrions arriver à vivre notre identité missionnaire avec joie, avec enthousiasme, avec responsabilité ; bref, comme aimait le dire un pilier de la tradition formative xavérienne, « une mentalité communautaire ».[2]

Le concept de famille crée des liens et propulse la réconciliation, dans le sens où elle a pour fonction, et de par son entendement dans la culture Bamiléké, d’étendre la maison, de faire grandir la maison, de multiplier les maisons. Ainsi, on reconnait la famille comme lieu où l’on peut s’abriter et où l’on est à couvert des intempéries, des dangers et hors d’atteinte de l’ennemi. L’espace géographique n’est pas à négliger, et tel était autrefois le rôle de la concession. La manifestation de l’âge adulte et la responsabilité venait ainsi, ou est encore, signifier par le détachement géographique et l’obtention d’une concession propre.

Venons-en maintenant à la mission de la famille qui se résume essentiellement en l’éducation et la protection. Comme nous le souhaitons dans nos processus éducatifs et formatifs, les membres de la famille apprennent à se connaître et s’apprécier mutuellement. Nous reconnaissons dans le rôle attribuer à la famille, quelques éléments relatifs à la constitution de visage humain du xavérien. Dans la famille, « les valeurs à transmettre sont l’obéissance, le respect de la personne humaine, le respect des aînés, le sens de la famille en particulier l’esprit de solidarité, l’unité, l’honnêteté, l’humilité, le sens de l’honneur, le courage et même la témérité ». La famille est un élément fondamental dans la transmission active des valeurs et des pratiques culturelles d’une génération à la suivante. Quelles que soient les perturbations et les menaces qu’elle subit, c’est au sein de la famille que l’on apprend à parler, à affronter les problèmes de la vie et à entrer en contact avec les autres. Au sein de la famille naissent des talents artistiques, et de nombreuses possibilités pour nous parfaire, avant d’aller à la rencontre du monde extérieur.

Dans l’Afrique traditionnelle en général, la vie, la paix et la fraternité sont au centre de l’éthique. Leur violation est considérée comme une insubordination à Dieu lui-même. Nous évoquons ici quelques violations à la solidarité, parmi les exemples que nos orateurs nous présenté, tout en espérant que ces exemples puissent nous aider à discerner notre pratique au quotidien :

  • Ne pas assister un membre de la communauté pour des événements tant heureux que malheureux ;
  • Ne pas partager son temps, son avoir, ses soucis avec les autres ;
  • Ne pas participer aux réunions familiales.

Tout ce qui est dit sur le lien dérivant de la famille est en vue d’une cohésion sociale et d’une consolidation de la relation avec Dieu. Voilà pourquoi l’homme doit renoncer à toute action susceptible de léser l’intérêt particulier ou collectif, pour ne pas perturber l’équilibre communautaire. C’est donc plus qu’une conviction : « l’homme qui marche seul se trompe de route, et en se trompant de route on ne peut atteindre le but ».

Si d’une part on reconnaît qu’une personne vraie dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit ; on reconnaît aussi, d’autre part, que l’homme est imparfait, il peut blesser, offenser l’autre par sa parole ou par ses actes, rompant ainsi l’harmonie, et la fluidité des relations avec l’un ou l’autre membre de la communauté, voire même la communauté toute entière. Rien n’est considéré pourtant perdu. La famille, la communauté contemple la possibilité de la réconciliation, moment où l’homme s’ouvre et s’abandonne à Dieu – dans une introspection – et à ses propres frères. Aucun conflit ne peut être objet d’une rupture jusqu’à l’exclusion : chacun doit être à mesure de pardonner à l’autre et de l’accepter tel qu’il est.[3]

Nous sommes héritiers d’un patrimoine qui fait de nous une famille à la suite du Christ et avec une mission spécifique. Les éléments ci-dessus évoqués peuvent nous aider à nous conscientiser sur la beauté, la grandeur et la noblesse de notre identité et de notre vocation. Que le pardon et la réconciliation, l’amour vrai et l’engagement responsable soient permanents dans nos cœurs et dans nos communautés. Ils sont une condition pour grandir dans la fraternité et sont nécessaire pour la continuation du projet, du rêve de notre Saint Fondateur. C’est dans tous les cas une démarche qui demande à chacun de nous la mort de soi, pour naître à un « nous ».

Mbula p. Gilbert, sx
Yaoundé, octobre 2021

 

[1] Pour cette année 2021-2022, nous formons un groupe de 20 personnes, dont 16 jeunes profès et 4 formateurs. Parler de la question culturelle est une priorité surtout quand nous pensons au fait que les 16 jeunes viennent tous de l’étranger et donc, bien qu’africains pour la plupart, certains éléments culturels peuvent constituer une nouveauté, un défi et une opportunité. Deux laïques – Léocadie Pougue et Marie Madeleine Kouawa – nous ont donc parlé pendant deux matinées. Le titre de l’intervention qui inspire ce partage était : « La Famille lieu de Réconciliation et de Lien avec Dieu chez les Bamilékés de l’Ouest Cameroun ».

[2] Cf. Amato Dagnino, Il cantico della comunità cristiana, Bologna, EMI, 1997, 57-58.

[3] C’est l’idée qui est exprimée dans l’expression : « on couvre les matières fécales avec de la terre, pour manger les termites ». En d’autres mots, quelle que soit la gravité de la faute, le pardon et la réconciliation sont toujours au rendez-vous pour mieux vous supporter.

Gilbert Mbula sx
17 Novembre 2021
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