LA MISSION AD GENTES VÉCUE DANS LA CONSÉCRATION RELIGIEUSE EN AFRIQUE

Redécouvrir notre identité charismatique xavérienne: la mission ad gentes vécue dans la consécration religieuse en Afrique

Voici que je fais toutes choses nouvelles (Ap 21,5)

1. Les XVI et XVII CG ont invité notre famille religieuse missionnaire à effectuer un nouveau départ, un repositionnement dans le but d’être plus fidèles à notre charisme missionnaire ad gentes, ad extra et ad vitam vécu dans la consécration religieuse. Cet appel à la conversion implique une révision de notre style de vie missionnaire et de nos structures. La COSUMA-Afrique est le lieu où les raisons du changement demandé par nos deux derniers chapitres sont approfondies. C’est une occasion pour indiquer quelques actions pratiques qui marquent ce changement.

2. La COSUMA-Afrique 2019 est un moment de discernement en famille, soutenu par une spiritualité missionnaire du changement. Cette spiritualité implique une confiance en Dieu, qui par son Esprit, fait toutes choses nouvelles (cf. Ap 21,5). La nouveauté que le Seigneur lui-même accomplit pour nous, Xavériens en Afrique, ne veut pas dire l’invention d’un nouveau charisme. Le charisme, nous l’avons déjà : celui hérité de notre Saint Fondateur Guido M. Conforti. Devenir nouveau, c’est découvrir la beauté de notre charisme et se dépouiller de tout ce qui nous empêche d’être fidèles à notre identité de Missionnaires Xavériens, dédiés entièrement à la première annonce de l’Évangile.

3. Envisager un changement de notre style missionnaire ne veut pas dire que ce qui a été fait dans le passé n’était pas bon. Non. Dans cette rencontre, nous nous souvenons avec gratitude de l’engagement missionnaire héroïque des confrères qui a fait naître plusieurs communautés chrétiennes en Afrique. Certains confrères sont même arrivés au don suprême de leur vie, comme nos Martyrs Xavériens (Pères, Frères, Sœurs et Laïcs), en R D. Congo et au Burundi. Nous n’oublions pas que c’est le témoignage de vie de nos confrères qui a attiré plusieurs de nos confrères africains, ainsi que les jeunes d’aujourd’hui, dans nos Maisons de formation. Ainsi, le témoignage de vie des confrères oriente notre manière d’être Missionnaires Xavériens.

4. Tout en admirant ce que les confrères ont accompli dans le passé, nous ne nous enfermons pas dans l’histoire. La foi en la résurrection nous ouvre vers l’avenir et vers l’espérance de la vie éternelle. Comme chrétiens et missionnaires, nous cheminons jusqu’à atteindre la stature du Christ, lorsqu’il sera tout en tous (cf. Ep 4,11-16).

5. Mais aussi, comment ne pas reconnaître que les contextes sociaux et les Églises dans lesquels nous sommes présents sont en perpétuelle évolution ? Certaines Églises que nous avons fondées ont grandi en personnels et en moyens matériels. Nous nous réjouissons lorsque nous voyons la vitalité des communautés chrétiennes fondées par nos confrères. Nous sommes heureux de voir le nombre de jeunes missionnaires africains qui sont nés à la foi. Certains sont missionnaires en Afrique, d’autres ailleurs. Pourtant dans ces mêmes Églises, parfois fondées par nous, les signes de repli sur soi, d’insensibilité à la condition de ceux qui ne connaissent pas le Christ et aux besoins de la mission universelle de l’Église…ne manquent pas. Dans cette situation, l’actualité de notre charisme missionnaire ad gentes se découvre avec une beauté extraordinaire.

6. Témoigner de notre charisme missionnaire ad gentes au sein de ces Églises est la contribution spécifique qu’elles attendent de nous avec un style renouvelé. De premiers protagonistes de la mission et fondateurs de communautés, nous nous découvrons aujourd’hui des humbles collaborateurs qui offrent ce qu’ils sont et qui ont de meilleur : notre charisme. Nous l’exprimons concrètement dans les activités typiquement missionnaires allant de l’annonce explicite de la foi à ceux qui ne connaissent pas Jésus Christ, en passant par l’animation missionnaire et vocationnelle, dans les œuvres de charité… mais toujours avec l’intention de répondre à l’appel que nous avons reçu lorsque nous avons été accueillis dans la famille xavérienne.

7. Comme Missionnaires Xavériens, nous annonçons l’Évangile en tant que personnes qui ont choisi la vie consacrée librement et dans la joie. Nous tenons ce choix comme notre source de bonheur. Car il nous configure au Christ pauvre, chaste et obéissant. La « spiritualité missionnaire du changement » implique, donc, également une révision de notre style de vie des vœux religieux, selon l’esprit de la famille xavérienne.

8. Comme Xavériens, nous vivons le vœu de pauvreté dans la joie, comme dépendance, limitation dans l’acquisition et l’usage des biens et comme partage de tout ce que nous possédons avec les membres de notre famille religieuse. Cet esprit de renouveau dans nos Circonscriptions Africaines ne nous permet plus de nous satisfaire de l’idée d’une Providence divine qui nous épargne des efforts de vivre du fruit du travail de nos mains. L’assistance généreuse venant d’autres peuples, aussi louable soit-elle, ne peut plus nous empêcher de gérer, rationnellement et en toute transparence, les biens à notre disposition ainsi qu’explorer les voies divines de la Providence en Afrique.

9. Nous vivons l’obéissance religieuse comme soumission à la volonté de Dieu, exprimée dans le discernement de la Congrégation, de nos Assemblées et de nos Chapitres, de nos communautés locales et de nos frères qui ont été choisis pour le service de l’autorité. Vivant dans des contextes culturels et sociopolitiques où les libertés d’expressions sont souvent étouffées, nous veillons à ce que nos communautés deviennent des lieux d’apprentissage d’une obéissance créative et non une obéissance passive ; des lieux où le style synodal de discernement et d’exécution de décisions prises prévaut sur l’individualisme.

10. Quant au vœu de chasteté, nous l’assumons d’abord, comme accueil de l’amour de Dieu, le seul capable de combler nos cœurs. Ensuite, nous l’exprimons dans une vie donnée généreusement au service des membres de notre famille religieuse et à celui des personnes auxquelles nous sommes envoyés, surtout les plus marginalisées d’entre elles. Enfin, au sujet des déviations relatives au vœu de chasteté, nous savons que l’Afrique n’est pas à l’abri de ce qui se dit et se découvre dans d’autres Églises. Le contexte mondial dans lequel nous vivons, où l’image de l’Église a été ternie à cause de scandales de certains de ses membres, nous convie aujourd’hui à plus de radicalité dans le vécu du vœu de chasteté, dans ses dimensions théologales comme dans ses dimensions morales ; même jusqu’au petits détails de la prudence et la prévention. Sans agitation ni angoisse, c’est de la radicalité évangélique qu’il nous faut.

11. Redécouvrir la beauté et l’actualité de notre charisme missionnaire ad gentes en Afrique, en témoigner dans la consécration religieuse selon la tradition de notre famille : voilà l’esprit qui oriente le discernement et les orientations de cette rencontre de famille qu’est la COSUMA-Afrique 2019.

Riscoprire la nostra identità carismatica saveriana: la missione ad gentes vissuta nella consacrazione religiosa in Africa

Ecco, io faccio nuove tutte le cose (Ap 21,5)

1. Gli ultimi due Capitoli generali (XVI-XVII CG) hanno invitato la nostra famiglia religiosa e missionaria ad effettuare una nuova partenza, un “riposizionamento” (cf. XVI CG) con lo scopo di essere più fedeli al nostro carisma missionario ad gentes, ad extra, ad vitam, vissuto nella consacrazione religiosa. Questa chiamata alla conversione ci chiede una revisione del nostro stile di vita missionaria e delle nostre strutture. La COSUMA-Africa è il luogo dove le cause del cambiamento richiesto dai nostri due ultimi capitoli sono approfondite. È una occasione per indicare qualche azione pratica che stabilisce questo cambiamento.

2. La COSUMA-Africa 2019 è un momento di discernimento in famiglia, sostenuto da una “spiritualità missionaria del cambiamento”. Questa spiritualità consiste in una fiducia costante in Dio che, col suo Spirito, fa nuove tutte le cose (cf. Ap 21,5). La novità che il Signore lui stesso compie per noi, Saveriani in Africa, non significa l’invenzione di un nuovo carisma. Quest’ultimo, ce l’abbiamo già: è l’eredità lasciataci dal nostro santo Fondatore, Guido M. Conforti. Diventare nuovi, è scoprire la bellezza del nostro carisma e spogliarsi di ciò che ci impedisce di essere fedeli alla nostra identità di missionari saveriani, dedicati interamente al primo annuncio del Vangelo.

3. Prevedere un cambiamento del nostro stile missionario non significa che ciò che si è fatto finora non è buono. Assolutamente no. In questo incontro, ricordiamo con riconoscenza l’impegno missionario eroico dei confratelli che ha fatto sorgere diverse comunità cristiane in Africa. Qualche confratello è pure giunto al dono supremo della sua vita, come i nostri Martiri, Saveriani, Saveriane e Laici, nella R. D. Congo e nel Burundi. Non dimentichiamo che è la testimonianza di vita dei nostri confratelli che ha attirato diversi confratelli africani e i giovani di oggi nelle nostre case di formazione. Così pure, la testimonianza di vita dei confratelli orienta il nostro modo di essere Missionari Saveriani.

4. Pur ammirando ciò che in passato i confratelli hanno realizzato, non ci limitiamo alla retrospettiva. La fede nella resurrezione ci apre al futuro, alla speranza della vita eterna. Come cristiani e missionari, camminiamo fino a raggiungere la statura di Cristo, quando sarà tutto in tutti (cf. Ef 4,11-16).

5. E poi, come non riconoscere che i contesti sociali e le Chiese nelle quali siamo presenti sono in continuo sviluppo? Alcune Chiese che abbiamo fondato sono cresciute in personale e in mezzi materiali. È motivo di gioia quando vediamo la vitalità delle comunità cristiane fondate dai nostri confratelli. Siamo contenti di riconoscere i numerosi giovani discepoli-missionari africani che nascono alla fede. Alcuni sono missionari pure ad extra, in Africa o altrove. Eppure, in queste stesse chiese, a volte fondate da noi, non mancano segni di ripiegamento su sé stessi, d’indifferenza alla condizione di chi non conosce ancora il Cristo o ai bisogni della missione universale della Chiesa.

6. Testimoniare del nostro carisma missionario ad gentes all’interno delle chiese è il contributo specifico che ci è richiesto, con uno stile rinnovato. Da primi protagonisti della missione e fondatori di comunità, ci stiamo scoprendo oggi come umili collaboratori che offrono ciò che siamo e che hanno di più bello: il nostro carisma. Lo esprimiamo concretamente nelle attività tipicamente missionarie, andando dall’annuncio esplicito della fede, a chi non conosce Gesù Cristo, passando dall’animazione missionaria e vocazionale, alle opere di carità. Ma sempre con l’intento di rispondere all’appello che abbiamo ricevuto quando siamo stati accolti nella famiglia saveriana.

7. Come missionari saveriani, annunciamo il Vangelo in quanto persone che hanno scelto liberamente e gioiosamente la vita consacrata. Manteniamo questa scelta come nostra sorgente di felicità perché ci configura al Cristo povero, casto e obbediente. La “Spiritualità missionaria del cambiamento” richiede allora una revisione del nostro stile di vita con voti religiosi, secondo lo spirito della famiglia saveriana.

8. Come Saveriani, viviamo il voto di povertà nella gioia della dipendenza, della limitazione nell’acquisizione e nell’uso dei beni e come condivisione di ciò che possediamo, con i membri della nostra famiglia religiosa. Questo spirito di rinnovamento nelle nostre Circoscrizioni africane non ci permette più di accontentarci dell’idea di una provvidenza divina che ci esonera dallo sforzo di vivere del frutto del lavoro delle nostre mani. L’assistenza generosa venutaci da altri popoli, si lodevole che sia, non può più impedirci di gestire, razionalmente e in tutta trasparenza, i beni a nostra disposizione e così pure di approfittare delle vie divine della provvidenza in Africa.

9. Viviamo l’obbedienza religiosa come sottomissione alla volontà di Dio, espressa nel discernimento della Congregazione, nelle nostre Assemblee e nei nostri Capitoli, nelle nostre comunità locali e nei nostri fratelli che sono stati scelti per il servizio dell’autorità. Vivendo in contesti culturali e sociopolitici dove le libertà di espressione sono spesso represse, stiamo vigilando affinché le nostre comunità diventino dei luoghi di apprendimento di un’obbedienza creativa e non un’obbedienza passiva; dei luoghi dove lo stile sinodale di discernimento e di esecuzione delle decisioni prese prevale sull’individualismo.

10. Quanto al voto di castità, l’assumiamo, anzitutto, come l’accoglienza di un dono di Dio, colui che solo è capace di riempire i nostri cuori. Poi, lo esprimiamo in una vita offerta generosamente al servizio dei membri della nostra famiglia religiosa e a quello delle persone alle quali siamo inviati, soprattutto ai più emarginati. Infine, per quanto riguarda le deviazioni relative al voto di castità, sappiamo che l’Africa non è esente della problematica attuale di cui si parla nelle altre chiese. Il contesto mondiale nel quale viviamo, in cui l’immagine della Chiesa è rovinata a causa degli scandali di alcuni dei suoi membri, ci invita oggi a vivere più radicalmente il voto di castità nelle sue dimensioni teologiche e morali, fino ai più piccoli dettagli della prudenza e della prevenzione. Senza agitazione nè angoscia, ciò di cui abbiamo bisogno è la radicalità evangelica.
11. Scoprire la bellezza e l’attualità del nostro carisma missionario ad gentes in Africa, testimoniando nella consacrazione religiosa secondo la tradizione della nostra famiglia: ecco lo spirito che orienta il discernimento e gli orientamenti di questo incontro di famiglia che è la COSUMA-Africa 2019.