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Ce que j’apprends de la mission éducative

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Au cours de la célébration du Jubilé de 60 ans de présence xavérienne en R. D. Congo (1958-2018), j’ai été invité à retracer le parcours de six décennies de mission sx dans les Séminaires et les Maisons de formation au Congo[1]. Nous apprenons beaucoup en écoutant le témoignage des confrères qui ont consacré patiemment des années et des énergies dans ce service, disons-le, parfois ingrat. Au terme de cette passionnante recherche, je me suis demandé : et moi, comment le service de formateur m’aide-t-il à être Missionnaire Xavérien? Que puis-je dire de cette mission?

Tant de choses remontent à l’esprit. Je fais ici seulement quelques exemples et je souhaite continuer la réflexion. En bref, je sens que ce service m’apporte beaucoup. Et j’espère de rester du même avis au bout de ce service qui m’est demandé.

Retrouver le « wow » de la consécration

Être avec les jeunes, donne souvent aux confrères une étincelle à une vie qui, par la force des habitudes et au fil des années, s’est un peu ternie. À force d’exercer le ministère, on devient comme un peu blasé. C’est peut-être comme tout métier. Ce qui nous semble formidable au départ, devient le quotidien et on perd le sens de l’émerveillement, le fait de dire, les yeux grands ouverts : « wow, que c’est beau!». On perd sa fraîcheur. Mgr Conforti l’exprimait en termes de sens de la beauté: «Dans la maison de formation, tout doit élever l’esprit, perfectionner le sens de la beauté, mobiliser le cœur, rendre joyeux et serein le séjour à celui qui l’habite»[2].

Alors, en travaillant avec les jeunes qui, eux, ont encore ce « wow » là, ça nous permet de voir la vie à travers leurs yeux, de revoir notre consécration à travers leurs yeux.

Vivre avec cohérence

Être avec les jeunes, donne souvent aux confrères le rappel constant de vivre avec cohérence ce qu’ils enseignent. Le père Manzotti, formateur à Mungombe et directeur spirituel de plusieurs aspirants Xavériens, l’a si bien avoué :

« Quand je fais l’homélie, j’ai l’impression que les fidèles qui me regardent sont en train de me demander : Mais toi, Père, est-ce que tu parles avec Dieu ? Est-ce que tu écoutes la voix et les inspirations du Seigneur ? Ce que tu dis, vient-il du Seigneur et des entretiens que tu as avec Lui? Le prêtre sait que s’il veut toucher le cœur de ses fidèles, il doit, à la veille, passer du temps devant le Tabernacle »[3].

Former le Christ chez les jeunes

Saint Paul, en prison, sentait fortement sa mission d’engendrement pastoral : « Mes enfants, vous que j’enfante à nouveau dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous … » (Ga 4,19). L’élément plus beau de la mission d’éducateur est de reconnaître comment le Christ prend forme dans la vie de celui qu’on accompagne. La formation devient alors une vraie transformation et, encore, une « configuration » au Christ.

Nous en avons eu parfois l’expérience : quand les programmes d’un ordinateur n’ont pas été bien installés, l’ordinateur plante ou travaille au ralenti. Dans le cas contraire, tout est bien configuré et te permet de bien travailler et de te rendre utile et offrir des services. La configuration au Christ demande que « la mise à jour » soit régulière et effective, bien activée : un regard constant et éveillé sur le réel, une disposition permanente à la conversion, un désir ardant que le Christ soit connu et aimé même à travers ma présence missionnaire, banale soit-elle.

Entre silences et décisions

Je découvre également les silences dans le processus de discernement et d’accompagnement des jeunes : quand on se met à l’écoute, quand on porte des questionnements, quand on observe, quand on échange avec les confrères de l’équipe formatrice, il est imprudent d’affirmer aussitôt et avec clarté quelle serait la volonté de Dieu. Parfois il est mieux de se taire que de brouiller les pistes. Progressivement, le discernement présente plus de clarté et, dans des moments clé, comme les différentes admissions, l’orientation devient plus claire et la décision plus libre et responsable. Ici, discernement signifie être capable de prononcer des « oui » libératoires et même des « non » soufferts. Au Recteur de Vicenza, Conforti rappelait d’appliquer, dans l’accompagnement, le principe classique : « Dans le gouvernement de la maison, veillez unir la force et la douceur, ce qui est plus exigent [fortiter] avec ce qui est plus doux [suaviter] »[4]. 

Suivre un projet audacieux

Le formateur est comme un musicien qui interprète une partition qu’il n’a pas composée. Il l’apprend, il fait plusieurs essais, il tient à ce qu’on reconnaisse, à partir de ce qu’il exécute, la pièce du célèbre auteur, dans sa beauté et complexité, dans la richesse des styles et les différents rythmes. Mais il met aussi du sien. C’est sa manière de jouer, l’expression qu’il suscite, la passion qu’il exprime qui fait de l’interprétation un chef d’œuvre.

Ainsi le formateur. Il ne reproduit pas simplement un charisme comme un perroquet répète les phrases entendues sans en comprendre le sens. Il se laisse fasciner par le charisme, il l’approfondit, il le confronte avec ses confrères, il le transmet en découvrant toujours sa beauté et son caractère passionnant. C’est une œuvre qui ne fatigue pas, tellement on en voit l’importance, le bonheur et l’utilité. Certes, il faut de l’application. Cela demande d’apprendre la langue des autres et de sortir parfois de clichés habituels : la manière dont le prêtre est perçu dans le milieu, l’idée qu’on se fait du milieu éducatif, les tendances à demeurer dans des attitudes contraires, comme la susceptibilité, la réclamation, la solidarité vers le bas… Mais c’est en affrontant ces écueils qu’on peut bien interpréter le charisme xavérien aujourd’hui avec un visage fraternel d’inclusivité et radicalité, de liberté et de soumission, de potentialité et de partage.

Préparer l’avenir en s’engageant dans le présent

Si d’une part le discernement est une qualité essentielle pour croire et agir aujourd’hui, d’autre part, le meilleur discernement ne garantit pas l’avenir : on fait confiance, non pas aveugle, à la grâce et à la sincérité d’une vie, mais personne n’est maître de son destin. Le discernement ne prédit pas l’avenir, mais il prépare à construire progressivement sa vie dans le présent. St Conforti insiste sur ce principe de préparer l’avenir en s’engageant dans le présent. Dans ses sermons, il cite souvent la phrase de Manzoni : degli umani eventi, antiveder bugiardo[5], pour dire qu’on ne peut jamais prévoir avec exactitude le déroulement des événements dans l’avenir. Mais la grâce du discernement aide à préparer l’avenir en se situant dans le présent et en reconnaissant sans cesse le « nom » qui a permis à la Madeleine de retrouver son Rabbuni, de décider et d’agir selon sa volonté. Au bout de comptes, la mission formative aide les formateurs à se former !

p. Faustin Turco sx

 

[1] Cf. Faustin TURCO, 60 ans dans les Séminaires Diocésains et dans les Maisons de formation : l’expérience des Xavériens en RDC, éd. Conforti, Kinshasa 2018, 122 p.

[2] Guy-Marie CONFORTI, « Discours lors de la pose de la première pierre du Petit Séminaire de Parme (Parme 01.04.1929) », Fonti Confortiane Teodoriane, vol. n. 28, p. 353.

[3] Antonino MANZOTTI, « Témoignage donné lors de ses 50 ans de vie au Congo (Bukavu le 05.11.2013) », Propos recueillis par Faustin Turco.

[4] Guy.Marie CONFORTI, « Lettre au p. Sartori (Parme 23.11.1919) », dans MISSIONNAIRES XAVÉRIENS, Ratio Formationis Xaveriana, éd. Leberit, Rome 2014, n. 17.

[5] En commentant Mt 27,63-64, où les Juifs partirent chez Pilate pour demander que le sépulcre de Jésus soit surveillé en mettant les scellés sur la pierre et en y plaçant la garde, Conforti commente : « Mais, voilà ! On se trompe en interprétant à priori les événements humains ». C’est une phrase célèbre d’un poème d’Alessandro Manzoni (Degli umani eventi antiveder bugiardo, Alessandro Manzoni, Il nome di Maria), cf. Guy-Marie CONFORTI, « Homélie sur le 5ème article du Credo, prononcée à Parme le 08 décembre 1919 » (cf. FTC 17, pp. 235-247).


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Cosa posso imparare nella missione educativa

Durante la celebrazione dei 60 anni di presenza saveriana in Congo (1958-2018), mi è stato chiesto di fare una ricerca sul servizio dei confratelli nei Seminari Diocesani e nelle Case di formazione in Congo[1]. C’è molto da imparare quando si ascoltano testimonianze di confratelli che hanno consacrato, con pazienza, anni e energie in questo servizio, ammettiamolo, spesso ingrato. Alla fine di questa ricerca interessante, mi sono chiesto: e... io? Come il servizio di formatore mi aiuta a essere Missionario Saveriano? Cosa posso dire di questa missione? Mi sono venute in mente molte cose. Propongo qui solo qualche esempio, desiderando continuare a rifletterci su. In sintesi, son convinto che questo servizio mi dà molte opportunità. E spero proprio di rimanere dello stesso parere quando giungerò alla fine del servizio che mi è richiesto.

Ritrovare il “wow” della consacrazione

Stare con i giovani, offre spesso ai confratelli una scintilla a un’esistenza che, a forza di abitudini e nel passare degli anni, si è un po’ offuscata. Mano a mano che svolgiamo il ministero, diventiamo come un po’ indifferenti, o disincantati. Forse questo capita in tutti i mestieri. Ciò che, in partenza, ci sembra formidabile, diventa poi quotidianità e, progressivamente, si perde il senso del meravigliarsi, come i bambini che dicono con gli occhi grandi grandi: “wow, come è bello!” Così, poco più, poco meno, perdiamo la freschezza della vita. Mons. Conforti esprimeva questo fenomeno parlando del senso della bellezza: “In una casa di educazione, tutto deve elevare lo spirito, perfezionare il senso del bello, mobilitare il cuore e rendere lieto e sereno il soggiorno a chi vi abita”[2]. Lavorando dunque con i giovani che, loro, hanno ancora quel famoso “wow”, ci dà la possibilità di osservare la vita attraverso i loro occhi, di rivedere la nostra consacrazione attraverso il loro sguardo.

Vivere con coerenza

Stare con i giovani, invita spesso i confratelli a vivere con coerenza ciò che insegnano. Ricordo quanto il padre Tonino Manzotti, formatore a Mungombe e direttore spirituale di molti aspiranti, ci ricordava nel suo ultimo ritiro ai saveriani, qualche mese prima di morire: “Mentre predico, ho l’impressione che i fedeli che mi osservano mi stanno chiedendo: Ma tu, Padre, parli con Dio? Ascolti la voce e le ispirazioni del Signore? E quello che ci stai dicendo, viene dal Signore e dagli incontri che tu hai con lui? Il prete sa che se vuole toccare il cuore dei suoi fedeli, deve, alla vigilia, passare del tempo davanti al Tabernacolo”[3].

Formare il Cristo nei giovani

San Paolo, in prigione, sentiva visceralmente la sua missione di paternità spirituale: “Figli miei, che io di nuovo partorisco nel dolore finché Cristo non sia formato in voi! » (Ga 4,19). L’elemento più bello della missione di educatore è quello di riconoscere come il Cristo prende forma nella vita di colui che si accompagna. La formazione diventa allora una vera trasformazione e, ancor più, una “configurazione” al Cristo.

Ne abbiamo fatto l’esperienza diverse volte e non senza amara delusione: quando i programmi di un computer non sono stati ben installati, il computer si blocca o lavora con un’esagerata lentezza. Al contrario, se tutto è ben configurato, puoi lavorare bene e renderti utile per offrire servizi. La configurazione al Cristo esige una “attualizzazione” regolare ed effettiva, ben attivata: uno sguardo costante e perspicace sulla realtà, una disposizione permanente alla conversione, un desiderio ardente che il Cristo sia conosciuto ed amato anche attraverso la mia presenza missionaria, piccola o banale che sia.

Fra silenzi e decisioni

Nel processo di discernimento e di accompagnamento dei giovani, sto scoprendo pure i silenzi: quando ci si mette all’ascolto, quando si portano degli interrogativi, quando si osserva, quando si condivide con i confratelli dell’équipe formativa, è imprudente affermare subito e con chiarezza quale sia la volontà di Dio. A volte, è meglio tacere per non scompigliare la matassa. Progressivamente, il discernimento presenterà più chiarezza e, nei momenti decisivi, come le varie ammissioni, l’orientamento diventa più chiaro e la decisione più libera e responsabile. Qui, discernimento significa essere capace di pronunciare dei “sì” liberatori e pure dei “no” sofferti. Al Rettore di Vicenza, Conforti ricordava di applicare, nell’accompagnamento, il principio classico dell’equilibrio fra esigenza e mitezza : “Si proponga nel governo della casa di unire il fortiter e il suaviter[4].

Seguire un progetto audace

Il formatore è come un musicista che interpreta uno spartito che non ha composto. Lo impara, fa diverse prove, ci tiene a far riconoscere, attraverso quello che riproduce, il pezzo musicale del celebre autore, nella sua bellezza e complessità, nella ricchezza degli stili e nei diversi ritmi. Ma ci mette anche del suo. È il suo modo di suonare, l’espressione che suscita, la passione che esprime che fa dell’interpretazione un capolavoro.

Così pure il formatore. Non riproduce semplicemente un carisma come un pappagallo ripete le frasi sentite, senza comprenderne il senso. Si lascia affascinare dal carisma, l’approfondisce, lo confronta con i suoi confratelli, lo trasmette scoprendone sempre la bellezza e il suo carattere appassionante. Altrimenti la formazione stanca da morire! Invece c’è un’opera che non stanca mai, talmente ne vedi l’importanza, la felicità e l’utilità. Certamente, bisogna impegnarsi. Questo ci chiede di imparare il linguaggio degli altri e di uscire a volte dai soliti clichés : il modo in cui il prete è percepito nel suo contesto, l’idea che ci si fa dell’ambito educativo, le tendenze a rimanere in atteggiamenti contrari, come la suscettibilità, la rivendicazione, la solidarietà verso il basso... Ma, credo che sia affrontando questi scogli che si potrà interpretare bene il carisma saveriano oggi, con un volto fraterno d’inclusività e radicalità, di libertà e dipendenza, di potenzialità e considivisione.

Preparare l’avvenire impegnandosi nel presente

Se da un lato il discernimento è una qualità essenziale per credere e agire oggi, dall’altro, il miglior discernimento non garantisce l’avvenire: si fa fiducia, non ciecamente, alla grazia e alla sincerità di un’esistenza, ma nessuno è maestro del suo destino. Il discernimento non predice l’avvenire, ma prepara a costruire mano a mano la propria vita nel presente. San Conforti insiste su questo principio di preparare l’avvenire impegnandosi nel presente. In diverse omelie, cita spesso una celebre frase di Manzoni: degli umani eventi, antiveder bigiardo[5], per dire que non si può mai prevedere con esatteza lo svolgersi degli avvenimenti nell’avvenire. Ma la grazia del discernimento aiuta a preparare l’avvenire situandoci nel presente e riconoscendo continuamente “il nome” che ha permesso alla Maddalena di ritrovare il suo Rabbuni, di decidere e di agire secondo la sua volontà. Alla fin fine, la missione educativa aiuta anzitutto i formatori a formarsi!

p. Faustino Turco sx
Kinshasa (R.D.Congo) 16.01.2019

 

[1] Cf. Faustin TURCO, 60 ans dans les Séminaires Diocésains et dans les Maisons de formation : l’expérience des Xavériens en RDC, éd. Conforti, Kinshasa 2018, 122 p.

[2] Guy-Marie CONFORTI, « Discours lors de la pose de la première pierre du Petit Séminaire de Parme (Parme 01.04.1929) », Fonti Confortiane Teodoriane, vol. n. 28, p. 353.

[3] Antonino MANZOTTI, « Témoignage donné lors de ses 50 ans de vie au Congo (Bukavu le 05.11.2013) », Propos recueillis par Faustin Turco.

[4] Guido Maria CONFORTI, « Lettera al p. Sartori (Parma 23.11.1919) », in MISSIONARI SAVERIANI, Ratio Formationis Xaveriana, ed. Leberit, Roma 2014, n. 17.

[5] Commentando Mt 27,63-64, dove i Giudei partirono da Pilato per chiedere che la tomba di Gesù fosse sorvegliata, mettendoci pure dei sigilli sulla pietra, Conforti commenta: “Ma ecco! Ci si sbaglia interpretando a priori gli avvenimenti umani!” È una frase della poesia di Alessandro Manzoni (Il nome di Maria), cf. Guido Maria CONFORTI, “Omelia sul 5° articolo del Credo, Parma 08.12.1919” (cf. FCT 17, pp. 235-247).

Faustino Turco sx
02 Dicembre 2020
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