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Un Chapitre Général à Bukavu (RDC)

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Une Bonne Nouvelle

J'ai voulu partager ces convictions en pensant aux jeunes xavériens en formation. Ces confrères ont la chance de pouvoir faire l'expérience de la dimension internationale (interculturelle) dès le début de leur parcours xavérien. Par exemple, la présence de tous les étudiants xavériens africains à Kilomoni (Uvira-RdCongo) est un vent nouveau qui souffle sur le lac Tanganyika. A partir des photos/notes/échanges avec certains étudiants, un sentiment de gratitude envers le Seigneur pour le don des vocations et l'offrande de la vie de ces jeunes au service de l'Evangile monte du cœur. Cela aussi a été un choix capital. Cette réalité est la force et la vie d'une plante. Si la plante manque d'eau, elle fane. Ces limitations qui apparaissent comme telles peuvent être transformées en force, en opportunité, en vie, en épanouissement. Dieu n'agit-il pas avec une miséricorde transfigurante dans nos limitations/faiblesses ? C'est pourquoi la deuxième partie portera le titre: Les communautés xavériennes comme lieu « d'hétérotopie » transfigurante et hospitalière. Avant cela, dans la première partie, je veux partager les raisons de ma gratitude envers notre Direction Générale (DG) pour le choix de Bukavu comme lieu où sera célébré le 18e Chapitre Général (CG), mais je sais aussi que ce choix ne plaît pas à certains confrères. Le titre de cette première partie est le suivant : Le choix du lieu du 18e CG comme une prophétie. Si l'article a été conçu en pensant aux jeunes en formation, toute communauté religieuse est concernée dans le sens où la conversion est un état permanent de tout disciple du Christ. Nous sommes tous soumis à l'hétérotopie transfigurante.

1. Le choix du lieu du 18e  Chapitre Général comme prophétie

Le fait que le DG ait choisi l'une de nos missions comme lieu de célébration du CG est un signe non seulement prophétique mais aussi en harmonie avec notre charisme/esprit missionnaire. Le Pape Benoît XVI, dans son homélie du 4 octobre 2009 pour l'ouverture de la deuxième Assemblée Spéciale pour l'Afrique du Synode des Evêques, a déclaré :

« L'Afrique représente un immense "poumon" spirituel pour une humanité qui semble être en crise de foi et d'espérance. Mais même ce "poumon" peut devenir malade ».[1]

En effet, célébrer le CG au Congo a de multiples significations. Je n'en mentionnerai que deux.  Si, d'une part, les pères capitulaires peuvent se laisser toucher/guider/éclairer par la vitalité/imagination/joyauté/créativité/espérance qui caractérise l'Église du Congo, d'autre part, ils toucheront les différentes crises dans lesquelles vivent les Congolais. Aussi si la capacité créative des jeunes Églises constitue la source d'inspiration pour la mission dans le monde d'aujourd'hui ; mais  aussi pour comprendre les différentes crises qu'elles traversent, il faut pratiquer le principe de l'incarnation. Encore, si on vit/sort contaminé par la liturgie, la vie communautaire, le don des vocations, c’est aussi vrai qu’on entend/ressent/voit la réalité belle et complexe dans laquelle travaillent nos missionnaires. Le successeur de Mgr Conforti sera ensuite élu sur cette terre. Pour les confrères du Congo et pour la région du Sud-Kivu, la célébration du chapitre ici dit : proximité, étreinte, sortie vers de nouveaux horizons. J'imagine la joie de saint Conforti au ciel.

C'est justement parce que Bukavu est une ville de contradictions qu'il faut y rester/réfléchir/décider. D'un côté il y a des gens très riches et de l'autre, des pauvres. Dans cette ville, les missionnaires xavériens travaillent depuis plus de soixante ans. Là et dans les environs, les missionnaires xavériens partagent le sort des gens. Dans cette ville, nos confrères ont passé toute leur vie au service de Dieu et des hommes. Dans la même Région (Sud-Kivu) nous avons trois maisons de formation (Propédeutique, Noviciat et Philosophie). La célébration de ce CG dans ce contexte purifie notre regard, donne de l'espoir, ouvre des horizons. C'est pourquoi j'exprime ma gratitude à la DG pour ce choix. 

La célébration du chapitre de Bukavu aura une couleur : la couleur contextuelle. Ce que je dis de Bukavu, je le dirais du Congo, du Burundi, du Mozambique, du Brésil, où nos confrères travaillent au milieu de millions de personnes.  Enfin, la célébration du CG au Congo évoque la dimension du témoignage que manifeste notre Famille missionnaire. Le simple fait d'être là avec d'autres confrères qui travaillent là-bas depuis de décennies signifie être parmi les brebis, écouter leur voix, s'immerger dans la réalité quotidienne des confrères et du peuple de Dieu à Bukavu. C'est prophétique.

2. Les communautés xavériennes comme lieu « d'hétérotopie» transfigurante et hospitalière

L'hétérotopie est un concept cher au philosophe français Michel Foucault. L'hétérotopie fait référence à un lieu. Il s'agit d'espaces/de lieux dysfonctionnels au sein d'une fonctionnalité maximale. Ce sont des espaces de fractures, de blessures, de ruptures. Dans nos communautés, il existe des dimensions hétérotopiques, c'est-à-dire des aspects dysfonctionnels qui sont le résultat - parfois - de nos diversités, de nos limites, de conflits générationnels, culturels, de préjugés, d'une formation insuffisante ou d'un leadership inégal. Ces aspects de nos vies ne sont pas évangélisés à cause des masques (échappatoires) que nous portons souvent.

Ces lieux de fracture existent dans nos communautés. L'expérience de la vie communautaire nous rappelle que la nature nous pousse souvent à nous rapprocher de ce que nous aimons (nourriture, culture, langue, classe, continent, statut, fréquentation de "mes amis"). La nature. Et c'est normal. Normal ne veut pas dire bien. Tant qu'il y aura (même dans un coin de mon esprit) le "nous" et le "eux" partiels, il sera très difficile d'entrer dans le jeu de l'interculturalité. C'est comme un sous-marin qui ne se laisse pas toucher par l'eau. C'est comme celui qui joue en cachant certaines cartes parce qu'il n'est pas vraiment convaincu que l'autre met toutes ses cartes sur la table et, donc, que cette rencontre est possible. Souvent, cette " prudence " est le résultat d'expériences concrètes (vécues/racontées par quelqu'un), mais aussi d'un manque de confiance en soi et donc en l'autre (ça importe peu qu’il soit un frère). Nous sommes souvent armés (avec trop d'armes inutiles). Nous avons des boucliers de protection et de nombreux masques contre le virus invisible. Malheureusement, ces masques sont souvent inconscients pour nous mais visibles pour les autres.

Les armes/masques que nous portons à l'intérieur et à l'extérieur ne nous permettent pas de rencontrer, d'écouter, de comprendre l'autre de son point de vue, de le rencontrer dans son unicité. Nos oreilles, notre cœur, notre bouche, notre nez, notre langue, notre peau sont pleins de réponses toutes faites, comme si nous disions : "Je sais déjà quelle sera sa réponse, je sais déjà comment il va réagir". Ainsi, nous pouvons aller d'une communauté à l'autre, accusant les autres, nous justifiant, nous victimisant, renvoyant les "autres" sans jamais nous ouvrir à la beauté que nous proclamons.

Au contraire, nous pouvons entrer dans la confrontation sur un autre mode, le mode " désarmé ". La confrontation désarmée, à mon avis, signifie se remettre en question. S'interroger signifie se poser certaines questions dans la relation avec les confrères de la communauté : remets-tu en question tes idées/conceptions ? Est-ce que tu t'en détaches ? Te considères-tu a priori comme une victime/un opprimé/un pauvre ? Es-tu prédisposé à demander aux autres comment ils te voient ? Le feedback que tu reçois correspond-il à l'image que tu as de toi-même ? Les autres ont-ils peur de te dire quelque chose ? Craint-on ta susceptibilité ? Essaies-tu toujours d'avoir raison ? Les autres prennent-ils leurs distances ou s'approchent-ils de toi ? Estimes-tu les autres ouvertement ou ne détectes-tu que ce qui ne va pas chez eux/leurs défauts ? Cherches-tu les dons de tes confrères et sœurs ou leurs défauts ? En descendant dans ton for intérieur : comment te sens-tu en compagnie de tel ou tel confrère ? Fais-tu le premier pas ? Demandes-tu pardon lorsque tu te  rends compte que tu as commis une faute ? Ce sont les fondements sur lesquels s'enracinent les relations (y compris les relations interculturelles).

Le défi est le mien et le vôtre ; ce qui grandit en moi/vous. Tout dépend en grande partie de moi. Personne ne naît instruit au dialogue, à la confrontation, à l'interculturalité. Nous grandissons tous. Nous sommes tous à la recherche du "NOUS". Nous sommes tous évangélisés à la rencontre. Se plaindre est souvent une manière simpliste de ne pas aborder les vrais problèmes. Lorsque les relations sont saines, les frères se posent ces questions en toute amitié : que me suggères-tu de faire pour grandir davantage dans la communauté interculturelle ? À ton avis, quelles sont les forces et les faiblesses de notre relation interculturelle ? Me perçois-tu comme un don ? Y a-t-il une correspondance entre mes idées et ma vie dans la communauté ?

À mon avis, il y a des points sensibles sur lesquels nous pouvons réfléchir et partager davantage.

- Demander la permission. Le religieux jusqu'à sa mort demande la permission. Parfois il reçoit un "oui", parfois un "non". Es-tu prêt à recevoir un jour un "non" catégorique ? (voyage et ministère).

- Les moments communautaires : la pastorale peut être une excuse pour ne pas vivre de moments communautaires avec les confrères (ne dites pas que tu te sens coupé si tu ne vis pas pleinement en communauté).

- Demander l’argent/ faire les rapports : un confrère m'a dit : " J'ai du mal à demander de l'argent chaque mois. C'est mon point faible". Dans certaines communautés xavériennes, le rapport mensuel n'existe pas.

- Mise en commun. Tout en remerciant/reconnaissant les confrères (nombreux) qui y croient et mettent tout dans la caisse commune, nous constatons aussi qu'il est difficile de mettre en commun. Les raisons en sont multiples.

Il y a deux angles sous lesquels on peut regarder ces fragilités/limitations qui sont les nôtres. D'une part, il y a la fonction de critique/jugement/condamnation/bullying/coupure de relation/isolement/fuite. L'expérience montre que cela ne résout pas le problème. Ma proposition est de voir ces hétérotopies comme un lieu de transfiguration, de résurrection/pâques, pour recommencer/relancer.

Le Xavérien sera un artisan capable de construire des hétérotopies transfigurantes. Les hétérotopies transfigurantes produisent des espaces de liberté, capables de consolider l'expérience de communion dans des lieux fragiles, y compris nos communautés. La présence de Xavériens de différentes cultures s'éloigne de la fonction de coloration superficielle de nos communautés pour se diriger vers une mission importante : à l'image de la Trinité. Une fraternité authentique est possible qui nous permet d'accueillir l'autre tel qu'il est, de lire ce qui bouge dans son cœur, dans sa vie. L'hétérotopie transfigurante répare/tisse les liens, guérit/médiatise les conflits, répare les blessures.

Avant de conclure, je voudrais souligner certains aspects qui rendent nos communautés interculturelles molles. S'en tenir aux préjugés ne permet pas de connaître véritablement l'autre. La non-compréhension du concept de famille biologique dévalorise une partie importante (peut-être belle) de nombreux confrères. Nous avons des conceptions différentes du lien familial, du leadership partagé au sein des communautés, etc. Si ces aspects ne sont pas pris en compte, ils peuvent être l'autoroute vers la double vie comme ayant des parties réservées (je ne peux pas raconter la souffrance de mes parents, je ne peux pas exprimer certains besoins). À ce stade, la personne cherchera quelqu'un pour écouter cette partie importante de sa vie à laquelle "personne" ne semble vouloir prêter attention.

Conclusion

 La communauté est un lieu de partage et de conversion, de pardon et de fête. L'écoute de la Parole de Dieu, la foi et la charité construisent et convertissent la communauté.  Ses pierres angulaires sont : l'acceptation de l'autre avec ses valeurs et ses limites, la loyauté dans les relations d'échange, la capacité de correction et de pardon, l'amitié et la gratuité (cf. C36). Les mots de nos Constitutions résument les caractéristiques de la vie communautaire.

Je conclus avec les mots d'Eugenio Borgna dans son livre La fragilité qui est en nous:

« La fragilité, dans les slogans mondains dominants, est l'image d'une faiblesse inutile et dépassée, immature et malade, inconsistante et dépourvue de sens ; au contraire, dans la fragilité se cachent des valeurs de sensibilité et de délicatesse, de bonté et de dignité épuisées, d'intuition de l'indicible et de l'invisible qui sont dans la vie, et qui nous permettent de nous imiter plus facilement et plus passionnément dans les états d'âme et les émotions, dans les manières d'être existentielles, des autres que nous-mêmes » [pp. 3-4].

Parme, 13 janvier 2023
P. Emmanuel AdiliMwassa, sx
Théologat International  de Parme – Italie 

[1] http://www.30giorni.it/articoli_id_78085_l4.htm


Un Capitolo Generale a Bukavu (RDC)

Une Bonne Nouvelle

Ho voluto scrivere questo articolo avendo in mente i giovani saveriani in formazione. Questi confratelli hanno la fortuna di potere vivere fin dagli inizi del loro cammino saveriano la dimensione internazionale (interculturale). Ad esempio, la presenza di tutti gli studenti saveriani africani a Kilomoni (Uvira-RdCongo) è un vento nuovo che sta soffiando sul lago Tanganyika. Dalle immagini/notizie/scambi con alcuni studenti, sale dal cuore il senso di gratitudine al Signore per il dono delle vocazioni e dell’offerta delle vite giovani al servizio del Vangelo. Anche questa è stata una scelta epocale. Questa realtà è un forza/vita simile ad una pianta. Se la pianta manca l’acqua secca, si trasforma. Quei limiti che appaiono come tali, possono trasformarsi in forza, in opportunità, in vita, in fioritura. Dio non agisce con misericordia trasfigurante nei nostri limiti/debolezze? Questo è il motivo per cui la seconda parte porterà il titolo di: Le comunità saveriane come luogo di “eterotopia” trasfigurante ed ospitale. Nella prima parte voglio condividere i motivi della mia gratitudine alla nostra Direzione Generale (DG) per la scelta di Bukavu come luogo dove sarà celebrato il XVIII Capitolo Generale (CG), ma so anche che questa scelta non piace a taluni confratelli. Il titolo di questa prima parte è il seguente: La scelta del luogo del XVIII CG come una Profezia. Se da una parte l’articolo è stato concepito pensando ai giovani in formazione, dall’altra ogni comunità religiosa è coinvolta nel senso che la conversione è uno stato permanente di ogni discepolo di Cristo. Tutti siamo soggetti alla eterotopia trasfigurante.

1. La scelta del luogo del XVIII Capitolo Generale come una Profezia

Il fatto che la DG abbia scelto uno delle nostre missioni come luogo dove sarà celebrato il CG è un segno non solo profetico ma congruo con il nostro carisma / spirito missionario. Papa Benedetto XVI, nell'omelia del 4 ottobre 2009 per l'apertura della seconda Assemblea Speciale per l'Africa del sinodo dei vescovi, diceva:

L’Africa rappresenta un immenso "polmone" spirituale, per un’umanità che appare in crisi di fede e di speranza. Ma anche questo "polmone" può ammalarsi.

Infatti, celebrare il CG in Congo ha molteplici significati. Ne cito due.

Se da una parte i padri capitolari si possono lasciare toccare / guidare / illuminare dalla vitalità / immaginazione / giovinezza / creatività / speranza che caratterizza la Chiesa del Congo, dall’altra toccheranno con mano le varie crisi in cui vivono i congolesi. Se da un lato la capacità creativa giovanile delle Chiese giovani costituisce la fonte ispiratrice per la missione del mondo oggi, dall’altra per comprendere le varie crisi che queste esse attraversano, occorre praticare il principio di incarnazione. Se da una parte si sperimenta/lascia contagiare dalla liturgia, la vita comunitaria, il dono delle vocazioni, dall’altra si ascolta/tocca/contempla/vede la bella e complessa realtà in cui i nostri missionari si adoperano. Il successore di mons. Conforti sarà quindi eletto in questa terra. Per i confratelli del Congo e per la Regione del Sud Kivu la celebrazione del capitolo qui dice: vicinanza, abbraccio, uscita verso orizzonti nuovi. Immagino la gioia del Conforti dal Cielo.

Proprio perché Bukavu è una città delle contraddizioni, lì occorre stare/pensare/decidere. Da una parte dei ricchissimi. Dall’altra  dei poveri. In questa città i missionari saveriani lavorano da più di sessant’anni. In questa città (e dintorni) i missionari saveriani condividono la sorte della gente. In questa città i nostri confratelli hanno consumato tutta la loro vita al servizio di Dio e dell’uomo. Nella stessa Regione (sud-Kivu) abbiamo tre case di formazione (Propedeutica, Noviziato e Filosofia). Celebrare il CG in questo contesto purifica il nostro sguardo, dà speranza, apre gli orizzonti. Ecco perché esprimo la mia gratitudine alla DG per questa scelta.  La celebrazione del capitolo a Bukavu avrà un colore: il colore contestuale. Quello che dico di Bukavu lo direi del Congo, Burundi, Mozambico, Brasile dove i nostri fratelli lavorano in mezzo a milioni di persone.  Infine, celebrare il CG in Congo parla della dimensione testimoniale del cammino della nostra Famiglia missionaria. Il fatto solo di esser lì presenti insieme ad altri confratelli che vi lavorano da decenni significa stare in mezzo alle pecore, ascoltare la loro voce, immergersi nella realtà quotidiana dei confratelli e del popolo di Dio a Bukavu. È profetico.

2. Le comunità saveriane come luogo di “eterotopia” trasfigurante ed ospitale

L’eterotopia è un concetto caro al filosofo francese Michel Foucault. L’eterotopia rimanda ad un luogo. Si tratta di spazi/luoghi disfunzionali all’interno di massima funzionalità. Sono spazi di fratture, ferite, piaghe, rotture. Nelle nostre comunità ci sono dimensioni eterotopiche, cioè quegli aspetti disfunzionali frutto – a volte – delle nostre diversità, dei nostri limiti, dei conflitti generazionali, culturali, pregiudiziali, della scarsa formazione/condivisione equa alla/della leadership. Questi aspetti della nostra vita non sono evangelizzati a causa delle maschere (échapatoires) di cui ci vestiamo spesso.

Questi luoghi di frattura esistono nelle nostre comunità. L’esperienza della vita in comunità ci ricorda che spesso la natura spinge ad avvicinarsi al simile (cibo, cultura, lingua, classe, continente, condizione, uscire con i “miei amici”). La natura. Ed è una cosa normale. Normale non vuole dire giusta. Finché ci sarà (anche solo in un angolo della mia mente) il “noi” e il “loro” parziali sarà difficilissimo entrare nel gioco della interculturalità. È come un sottomarino che non si lascia toccare dall’acqua. È come uno che gioca nascondendo alcune carte perché non è veramente convinto che l’altro metta tutte le sue carte sul tavolo e, quindi, che questo incontro sia possibile. Spesso, questa “prudenza” è frutto di esperienze concrete (vissute/raccontate da qualcuno), ma anche di mancanza di fiducia in sé e quindi nell’altra persona (importa poco che sia confratello). Siamo spesso armati (con troppe armi inutili). Abbiamo scudi di protezione e tante maschere contro il virus invisibile.  Purtroppo, queste maschere sono spesso inconsce a noi ma visibili ad altri.

Le armi/maschere che portiamo dentro e fuori non ci permettono di incontrare, ascoltare, capire l’altro dal suo punto di vista, di incontrarlo nella sua unicità. Le orecchie, il cuore, la bocca, il naso, la lingua, la pelle sono pieni di risposte già confezionate come per dire: “So già quale sarà la sua risposta, so già come reagirà”. Così possiamo passare da una comunità all’altra, dando la colpa agli altri, giustificandosi, vittimizzandosi, a mandare gli “altri” a quel paese senza mai aprirsi alla bellezza che proclamiamo.

Invece possiamo entrare nel confronto con un’altra modalità, quella “disarmata”. Il confronto disarmato, a mio parere, vuole dire mettersi in discussione. Mettersi in discussione significa porsi alcune domande nel rapporto con i confratelli nella comunità: metti in discussione le tue idee/convinzioni? Prendi il distacco da esse? Ti pensi a priori vittima/oppresso/poverino? Sei predisposto a chiedere agli altri come ti vedono? Il feedback che ricevi corrisponde all’immagine che hai di te? Hanno paura di dirti qualcosa? Qualcuno teme la tua suscettibilità? Cerchi di avere sempre ragione? Gli altri si allontanano oppure si avvicinano? Stimi gli altri apertamente oppure individui solo ciò che non va in loro/i loro difetti? Sei ricercatore dei doni nei fratelli oppure dei loro difetti? Scendendo nel tuo intimo: come ti senti  nella compagnia di tale o tale confratello? Fai il primo passo? Chiedi  perdono quando ti rendi conto di avere sbagliato? Queste sono le basi su cui si radica la relazione (compresa quella interculturale).

La sfida è la mia e la tua persona; quello che cresce dentro di me/te. Tutto dipende in gran parte da me. Nessuno nasce imparato al dialogo, al confronto, all’interculturalità. Tutti cresciamo. Tutti siamo nella ricerca del “NOI”. Tutti veniamo evangelizzati all’incontro. Lamentarsi è spesso una modalità semplicista per non affrontare i veri problemi. Quando i rapporti sono sani i confratelli si fanno queste domande nell’amicizia: cosa mi suggerisci per crescere di più nella comunità interculturale? Secondo te quali sono i punti forti e i punti deboli nella nostra relazione interculturale? Mi percepisci come un dono? C’è corrispondenza tra le mie idee e la mia vita in comunità? A mio parere, ci sono alcuni tasti dolenti su cui possiamo porre maggiore riflessione e condivisione.  

  • Il chiedere permesso. Il religioso fino alla morte chiede il permesso. A volte riceve dei “sì” a volte dei “no”. Sei disposto a ricevere un “no” secco un giorno? (viaggio e ministero).
  • Momenti comunitari: la pastorale può essere un pretesto per non vivere con i confratelli i momenti comunitari (non dire che ti senti tagliato fuori se non vivi la comunità pienamente)
  • Il chiedere soldi/fare il resoconto: un confratello mi diceva “faccio fatica a chiedere soldi tutti i mesi. È il mio punto debole”. In alcune comunità saveriane il resoconto mensile non esiste.
  • Mettere in comune. Pur ringraziando/riconoscendo i confratelli (tanti) che ci credono e mettono tutto nella cassa comune notiamo anche che si fa fatica a mettere in comune. Le ragioni sono molte.

Ci sono due angolature da cui guardare queste nostre fragilità/limiti. Da un lato esiste la funzione di criticare / giudicare / condannare / brontolare / tagliare relazione / isolarsi / fuggire / scappare. L’esperienza dice che questo non risolve il problema. La mia proposta, simile a quella di don Luca Bressan, è quella di considerare queste eterotopie come luogo di trasfigurazione, di risurrezione/Pasqua, per ricominciare/ripartire. Il saveriano sarà artigiano capace di costruire eterotopie trasfiguranti. Le eterotopie trasfiguranti   producono spazi di libertà, capaci di consolidare l’esperienza di comunione all’interno dei luoghi fragili, comprese le nostre comunità. La presenza di saveriani provenienti da culture differenti si stacca dalla funzione di colorare superficialmente le nostre comunità verso una missione importante: all’immagine della Trinità è possibile una fratellanza autentica che permetta di accogliere l’altro com’è, di leggere cosa si muove nel suo cuore, nella sua vita. L’eterotopia trasfigurante ricuce/tesse i legami, cura/media i conflitti, ripara le ferite.

Prima della conclusione, vorrei sottolineare alcuni aspetti che fanno zoppicare le nostre comunità interculturali. Rimanere fedeli ai pregiudizi non permette di conoscere veramente l’altro. La non- comprensione del concetto Famiglia biologica svaluta una parte importante (forse bella) di tanti confratelli. Abbiamo concezioni diverse del legame familiare, della condivisione della leadership all’interno delle comunità, etc. Se questi aspetti non sono curati, possono essere l’autostrada per la doppia vita intesa come avente parti riservate (non posso raccontare della sofferenza dei miei, non posso esprimere alcuni bisogni). A questo punto, la persona si cercherà chi ascolti quella parte importante della sua vita alla quale ‘nessuno’ sembra voler prestare attenzione.

Conclusione

 La comunità è luogo di condivisione e conversione, di perdono e di festa. L’ascolto della Parola di Dio la fede e la carità fondano e convertono la comunità.  Suoi cardini sono: l'accettazione dell'altro con i suoi valori e limiti, la lealtà nei rapporti scambievoli, la capacità di correzione e perdono, l'amicizia e la gratuità (cf.C 36). Le parole delle nostre Costituzioni racchiudono le caratteristiche della vita comunitaria.

Concludo con le parole di Eugenio Borgna nel suo libro La fragilità che è in noi:  

La fragilità, negli slogan mondani dominanti, è l'immagine della debolezza inutile e antiquata, immatura e malata, inconsistente e destituita di senso; e invece nella fragilità si nascondono valori di sensibilità e di delicatezza, di gentilezza estenuata e di dignità, di intuizione dell'indicibile e dell'invisibile che sono nella vita, e che consentono di immedesimarci con più facilità e con più passione negli stati d'animo e nelle emozioni, nei modi di essere esistenziali, degli altri da noi [pp.3-4].

Parma, 13 gennaio 2023
P. Emmanuel Adili Mwassa, sx
Studentato Teologico di Parma - Italy


A General Chapter in Bukavu (DRC)

Good News

I wanted to share these convictions keeping in mind the young Xaverians in formation. These confreres are lucky to experience the international (intercultural) dimension from the beginning of their Xaverian journey. For example, the presence of all the African Xaverian students in Kilomoni (Uvira-RdCongo) is a new wind blowing over Lake Tanganyika. From the photos/notes/exchanges with some of the students, a feeling of gratitude to the Lord for the gift of vocations and the offering of the lives of these young people in the service of the Gospel rises from the heart. This too has been a crucial choice. This reality is the strength and life of a plant. If the plant lacks water, it withers. These limitations that appear as such can be transformed into strength, opportunity, life, and flourishing. Doesn't God act with transfiguring mercy in our limitations/weaknesses? This is why the second part of my sharing will be entitled: Xaverian communities as a place of transfiguring and hospitable "heterotopia". Before that, in the first part, I want to say the reasons for my gratitude to our General Direction (GD) for the choice of Bukavu as the place where the 18th General Chapter (GC) will be celebrated; but I also know that this choice does not please some confreres. The title of this first part is as follows: The choice of the venue of 18 GC as a prophecy. If the sharing was conceived with young people in formation in mind, every religious community is concerned in the sense that conversion is a permanent state of every disciple of Christ. We are all subject to the transfiguring heterotopia.

1. The choice of the venue for the 18th General Chapter as prophecy

The fact that the GD chose one of our missions as the venue for the GC is not only prophetic but also in harmony with our charisma/missionary spirit. Pope Benedict XVI, in his homily on 4 October 2009 for the opening of the Second Special Assembly for Africa of the Synod of Bishops, said:

"Africa represents an immense spiritual 'lung' for a humanity that seems to be in crisis of faith and hope. But even this 'lung' can become sick". [1]

Indeed, celebrating the GC in the Congo has multiple meanings. I will mention only two.  If, on the one hand, the Chapter Fathers can allow themselves to be touched/guided/enlightened by the vitality/imagination/joyfulness/creativity/hope that characterises the Church in the Congo, on the other hand, they will be touched by the different crises in which the Congolese live. Also, if the creative capacity of the young churches constitutes the source of inspiration for mission in today's world; the other side is that, in order to understand the different crises they are going through, it is necessary to practice the principle of incarnation. Again, if we live/come out contaminated by the liturgy, the community life, the gift of vocations; it is true also that we hear/feel/see the beautiful and complex reality in which our missionaries confreres work. Bishop Conforti's successor will then be elected in this land. For the confreres of Congo and for the region of South Kivu, the celebration of the chapter here says: closeness, embrace, departure towards new horizons. I can imagine the joy of Saint Conforti in heaven.

It is precisely because Bukavu is a city of contradictions that you need to stay/think/decide. On the one hand, there are very rich people and on the other, poor people. In this city, Xaverian missionaries have been working for over sixty years. There and in the surrounding area, Xaverian missionaries share the fate of the people. In this city, our confreres have spent their whole life in the service of God and people. In the same region (South Kivu) we have three houses of formation (Propaedeutic, Novitiate and Philosophy). The celebration of this GC in this context purifies our vision, gives hope and opens horizons. Therefore, I express my gratitude to the GD for this choice. 

The celebration of the Bukavu Chapter will have a colour: the contextual colour. What I say about Bukavu, I would say about Congo, Burundi, Mozambique, Brazil, where our confreres work among millions of people.  Finally, the celebration of the GC in Congo evokes the dimension of witness that our missionary family manifests. The simple fact of being there with other confreres who have been working there for decades means being among the sheep, listening to their voice, immersing oneself in the daily reality of the confreres and the people of God in Bukavu. It is prophetic.

2. Xaverian communities as a place of transfiguring and hospitable 'heterotopia’

Heterotopia is a concept dear to the French philosopher Michel Foucault. Heterotopia refers to a place. It is about dysfunctional spaces/places within maximum functionality. They are spaces of fractures, wounds, ruptures. In our communities there are heterotopic dimensions, that is, dysfunctional aspects that are the result - sometimes - of our diversities, limitations, generational conflicts, cultural conflicts, prejudices, insufficient training or unequal leadership. These aspects of our lives are not evangelised because of the masks (loopholes) we often wear.

These fault lines exist in our communities. The experience of community life reminds us that nature often pushes us closer to what we like (food, culture, language, class, continent, status, hanging out with 'my friends'). Nature. And that is normal. Normal does not mean good. As long as there is (even in a corner of my mind) the partial "us" and "them", it is very difficult to get into the game of interculturality. It is like a submarine that does not let itself be touched by water. It is like the one who plays hiding some cards because he is not really convinced that the other puts all his cards on the table and, therefore, that this encounter is possible. Often, this "caution" is the result of concrete experiences (lived/told by someone), but also of a lack of confidence in oneself and therefore in the other (it doesn't matter if he is a brother). We are often armed (with too many useless weapons). We have protective shields and many masks against the invisible virus. Unfortunately, these masks are often unconscious to us but visible to others.

The weapons/masks we wear inside and outside do not allow us to meet, to listen, to understand the other from his point of view, to meet him in his uniqueness. Our ears, our heart, our mouth, our nose, our tongue, our skin are full of ready-made answers, as if we were saying: "I already know what his answer will be, I already know how he will react". So we can go from one community to another, accusing others, justifying ourselves, victimising ourselves, dismissing the "others" without ever opening ourselves to the beauty we proclaim.

Instead, we can enter into confrontation in another mode, the 'disarmed' mode. Disarmed confrontation, in my opinion, means questioning. Questioning means asking yourself certain questions in the relationship with fellow community members: are you questioning your ideas/conceptions? Do you detach yourself from them? Do you see yourself a priori as a victim/oppressed/poor? Are you predisposed to ask others how they see you? Does the feedback you receive match with the image you have of yourself? Are others afraid to tell you something? Are they afraid of your sensitivity? Are you always trying to be right? Do others distance themselves from you or approach you? Do you value others openly or do you only detect what is wrong with them? Do you look for the gifts of your brothers and sisters or their faults? Going down into your inner self: how do you feel in the company of this or that fellow member? Do you make the first move? Do you ask for forgiveness when you realise that you have made a mistake? These are the foundations on which relationships (including intercultural relationships) are built.

The challenge is mine and yours; what grows in me/you. Much depends on me. Nobody is born educated in dialogue, confrontation, interculturality. We all grow. We are all in search of the "WE". We are all evangelised to the encounter. Complaining is often a simplistic way of not addressing the real issues. When relationships are healthy, brothers ask each other these questions in a friendship way: What do you suggest I do to grow more in the intercultural community? What do you think are the strengths and weaknesses of our intercultural relationship? Do you see me as a gift? Do my ideas match with my life in the community?

In my opinion, there are some sensitive points that we can reflect on and share more.

- Asking permission: The religious person until his death asks permission. Sometimes he receives a "yes", sometimes a "no". Are you ready to receive a categorical "no" one day (travel and ministry).

- Community moments: pastoral care can be an excuse for not living community moments with confreres (don't say you feel cut off if you don't live fully in community).

- Asking for money/ reporting: one day a confrere told me: "I find it hard to ask for money every month. This is my weak point. In some Xaverian communities, the monthly report does not exist.

- Sharing : While thanking/recognising the many confreres who believe in it and put everything into the common fund, we also note that it is difficult to pool. There are many reasons for this.

There are two angles from which we can look at these weaknesses/limitations of ours. On the one hand, there is the function of criticism/judgement/condemnation/bullying/cutting off from relationships/isolation/leaving. Experience shows that this does not solve the problem. My proposal is to see these heterotopias as a place of transfiguration, of resurrection/ Easter, to begin again/restart.

The Xaverian will be a craftsman capable of building transfiguring heterotopias. Transfiguring heterotopias produce spaces of freedom, capable of consolidating the experience of communion in fragile places, including our communities. The presence of Xaverians from different cultures moves away from the function of superficial colouring of our communities towards an important mission: in the image of the Trinity. An authentic fraternity is possible that allows us to welcome the other as he or she is, to read what moves in his or her heart, in his or her life. Transfiguring heterotopia repairs/weaves bonds, heals/mediates conflicts, repairs wounds.

Before concluding, I would like to point out some aspects that make our intercultural communities less happy. Sticking to prejudices does not allow us to truly know the other. The lack of understanding of the concept of the biological family devalues an important (perhaps beautiful) part of many confreres. We have different conceptions of the family bond, of shared leadership in communities, etc. If these aspects are not taken into account, we will not be able to understand each other. If these aspects are not taken into account, they can be the highway to the double life as having reserved parts (I can't tell about my parents' suffering, I can't express certain needs). At this point, the person will look for someone to listen to this important part of their life that "no one" seems to want to pay attention to.

Conclusion

 The community is a place of sharing and conversion, of forgiveness and celebration. Listening to the Word of God, faith and charity build and convert the community.  Its cornerstones are: acceptance of the other with his or her values and limitations, loyalty in relationships, the capacity for correction and forgiveness, friendship and gratuity (cf. C36). The words of our Constitutions sum up the characteristics of community life.

I conclude with the words of Eugenio Borgna in his book: The fragility that is in us

"Fragility, in the dominant worldly slogans, is the image of a useless and outdated weakness, immature and sick, inconsistent and meaningless; on the contrary, in fragility are hidden values of sensitivity and delicacy, of exhausted goodness and dignity, of intuition of the unspeakable and the invisible which are in life, and which allow us to imitate more easily and more passionately the states of mind and emotions, the existential ways of being, of others than ourselves" [pp. 3-4].

Parma, 13 January 2023
P. Emmanuel Adili Mwassa, sx
International Theologate of Parma - Italy

[1] http://www.30giorni.it/articoli_id_78085_l4.htm

Emmanuel Adili Mwassa sx
03 Marzo 2023
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