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Chercher, trouver et aimer le Christ dans le pauvre et le faible

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Contribution à la célébration de la journée mondiale des martyrs

Dans notre contexte actuel marqué par plusieurs défis d’ordre politique, économique et social et sanitaire, les pauvres, les plus faibles semblent avoir très peu à espérer. Pourtant, l’Eglise ne doit pas cesser de projeter la lumière de l’Evangile sur ces défis afin d’en appeler à une vraie solidarité et à une vraie fraternité humaines qui intègrent mêmes les plus défavorisés et les plus démunis. En le faisant, non seulement elle annonce le Christ, « la lumière du monde » (Jn 8, 12), mais proclame que pour le porter au cœur des situations politiques, économiques et sociales limites, le soutien du pauvre et du faible est la voie royale. Si la présente réflexion peut montrer dans quelle mesure en soutenant  les pauvres et les faibles de notre société en ce temps de crises, nous autres chrétiens, nous annonçons le Christ au cœur de la situation politique, économique et sociale actuelle, l’intention qui l’a inspirée sera pleinement réalisée.

  1. Le soutien des pauvres comme l’âme véritable du culte ou service à Dieu dans l’Ancien Testament

Dans sa vision politique, économique et sociale, l’Ancien Testament a ceci de frappant qu’il place le pauvre et le faible sous la protection directe de Dieu. La veuve, l’orphelin et l’étranger considérés comme les plus indigents dans une société de plus en plus marquée par les injustices et les disparités sociales, sont mis sous la défense de Dieu. C’est Dieu lui-même qui prend acte pour eux, en faveur d’eux et répond de leur sort : il est leur défenseur ; ceux-ci sont ses privilégiés. C’est dans ce sillage que toute la législation vétérotestamentaire prend explicitement parti pour ces pauvres et ces faibles : « Tu ne molesteras pas l’étranger ni ne l’opprimeras (…) Vous ne maltraiterez pas une veuve ni un orphelin. Si tu le maltraites et qu’il crie vers moi, j’écouterai son cri ; ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée : vos femmes seront veuves et vos fils orphelins » (Ex 22, 20-23) ; « Si un étranger réside avec vous dans votre pays, vous ne le molesterez pas » (Lv 19, 33). 

Cette exigence de bienveillance envers le pauvre et le faible sera perçue par les prophètes d’Israël comme ce qui constitue l’essence même du culte véritable à Dieu. Ces derniers vont enseigner que le soutien du plus faible est ce qui plaît au Seigneur plus que les sacrifies, les offrandes et les holocaustes : « N’est-ce pas plutôt ceci, le jeune que je préfère : défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug ; renvoyer libre les opprimés, et briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé, héberger chez toi les pauvres sans abri, si tu voir un homme nu le vêtir, ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair ? » (Is 58, 6-7). Ainsi, en venant en aide au pauvre et au faible, on témoigne de sa foi en Dieu qui prend distinctement parti pour eux. Le culte à Dieu, le service à sa gloire, c’est s’occuper de l’indigent, de celui qui est dans le manque, dans le besoin. Celui qui le fait contribue à instaurer le Règne de Dieu, il fait le vœu que Dieu lui-même règne au cœur de la société : « Alors ta lumière éclatera comme l’aurore, ta blessure se guérira rapidement, ta justice marchera devant toi et la gloire de Yahvé te suivra. Alors tu crieras et Yahvé répondra, tu appelleras, il dira : Me voici ! » (Is 58, 8-9). Cette conviction des prophètes d’Israël connaîtra sa pleine réalisation en Jésus-Christ qui va lui-même non seulement prendre soin du pauvre et du faible, mais aussi et surtout s’identifier à eux en sorte que le sort qui leur est infligé devient également  le sien. 

  1. Le pauvre et le faible comme corps social du Christ et sacrement de la rencontre avec lui

Tout au long de son ministère public, Jésus-Christ a manifesté une grande sollicitude pour les plus pauvres et les plus faibles. Tout son combat contre le Sabbat mal compris et devenu aux mains des juifs rigoristes un instrument d’aliénation de l’homme est destiné à redonner la vie à ces derniers. Il soigne et guérit les malades (Cf. Mt 4, 23-24 ; 9, 35 ; Mc 1, 39 ; 3, 7-8 ; Lc 4, 14-15. 44 ; 6, 17-18), purifie les lépreux (Cf. Mt 8, 1-4 ; Lc 5, 12-16 ; 17, 11-19 ; Mc 1, 40-45), rend la vue aux aveugles (Cf. Mt 9, 27-31 ; 20, 29-34 ; Lc 18, 35-43 ; Mc 10, 46-52 ; Jn 9, 1-41), remet sur pied les paralytiques, les boiteux et les estropiés (Cf. Mt 9, 1-8 ; Mc 2, 1-12 ; Lc 5, 17-26 ; Jn 5, 1-18), nourrit les foules affamées (Cf. Mt 14, 13-21 ; 15, 32-38 ; Mc 6, 31-44 ; Lc 9, 10-17 ; Jn 6, 1-13) , enseigne les ignorants (Cf. Mc 6, 34) , rappelle les morts à la vie (Cf. Jn 11, 1-44 ; Lc 7, 11-17)…etc. Il soutient ceux qui ont peu à espérer dans la société et prend soin d’eux. Il prend soin d’eux comme s’ils étaient son propre corps. De fait, il va jusqu’à s’identifier à eux : « dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (…) dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait » (Cf. Mt 25, 31-46).

Dès lors, celui qui soutient le pauvre et le faible soutient le Christ lui-même ; celui qui en prend soin rend hommage au corps du Christ. Ces soins sont spécifiés par le Christ lui-même : donner à manger, donner à boire, accueillir et héberger, vêtir, visiter et réconforter, être présent par la proximité et la chaleur humaine (Cf. Mt 25, 35-36). Les pauvres sont donc pour ainsi dire le signe et le moyen de la rencontre avec le Christ en sorte que lorsque quelqu’un les soutient et les soulage, c’est le Christ lui-même qu’il soutient et soulage. Ils sont dans la société des icônes de la visibilité sociale du Christ. Si tu cherches le Christ dans notre société, tu l’as dans ces pauvres et ces indigents, dans ces hommes et ses femmes faibles, démunis, désemparés, privés même de leur propre dignité. D’où en les soutenant, en les aidant, non seulement c’est le Christ que l’on soulage, mais c’est également lui que l’on porte et que l’on annonce au cœur de notre société : « Quiconque donnera à boire à l’un de ces petits rien qu’un verre d’eau fraîche, au nom d’un disciple, en vérité je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense » (Mt 10, 42 ; Cf. Mc 9, 41). Car celui qui accueille l’un de ces petits, accueille le Christ et accueille en même temps Dieu le Père qui l’a envoyé (Cf. Mt 10, 40, 18, 5 ; Mc 9, 35 ; Lc 9, 48). Dans ce sens, on peut dire que dans la mesure où l’on soutient le pauvre et le faible, l’on inscrit le Christ au cœur de la société : c’est à travers le soutien des nécessiteux que l’annonce du Christ dans la société s’avère plus parlante et plus percutante : c’est l’annonce par le témoigne ou le martyre.

  1. Du soutien du pauvre et du faible comme martyre ou témoignage

Le martyre est avant tout le témoignage rendu au Christ, parfois au prix de sa propre vie. Dans la société qui est la nôtre, l’attention envers les plus démunis et les nécessiteux s’impose comme une nouvelle forme urgente de témoignage. Il y a aujourd’hui un grand besoin de martyres de la charité sous toutes ses formes : économique, sociale, pastorale, politique et sanitaire. Il s’agit ici d’hommes et de femmes qui, mus par leur foi en Jésus-Christ, acceptent de braver les difficultés tels que la conjoncture économique, la rareté de l’emploi, les clivages politico-culturels, la xénophobie, le diktat d’une majorité écrasante et avide de profits, la peur de la pandémie actuelle, pour confesser le nom du Seigneur à travers un engagement sérieux pour la promotion humaine et la cause des plus petits.  Le Christ que nous suivons n’a jamais fermé les yeux, les oreilles, le cœur et les mains face à la situation du faible et du pauvre. On ne saurait donc lui rendre témoignage en faisant l’économie de nos ressources tant physiques, morales, intellectuelles que matérielles et financières pour être aux côtés des démunis, des faibles et des désemparés. Le vrai témoigne du nom de Jésus ne consiste pas seulement dans le fait de professer son nom et proclamer sa Parole. Encore faut-il que les bonnes œuvres, les œuvres de la charité en acte donnent à cette profession et cette proclamation leur consistance et leur crédibilité. A ce niveau l’interpellation de l’épitre de saint Jacques s’avère pénétrante : « A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu’un dise : "J’ai la foi", s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise : "Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous", sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? (…) Montre-moi ta foi sans les œuvres ; moi c’est par les œuvres que je te montrerai ma foi » (Jc 2,  14-18).

La situation des pauvres ne peut plus laisser les témoins du Christ, Seigneur et Sauveur de l’humanité, indifférents. Le cri des faibles déchire sans cesse les cieux et appelle les disciples du Christ à un vrai témoignage : « J’avais faim… j’avais soif… j’étais nu…j’étais malade, étranger, en prison… » (Cf Mt 25, 31-46). Donner à manger, donner à boire, vêtir, visiter, soutenir, accueillir : voilà autant de gestes concret de témoignage vrai dont la pratique fidèle et persévérante supplée à l’intensité de la souffrance inhérente au fait de donner sa propre vie en acceptant la mort par amour pour le Christ, ce qu’on appelle martyre. Aujourd’hui, un exemple de martyre, c’est le courage de nombreux médecins et personnels soignants qui, dans la situation de crise sanitaire globale actuelle, acceptent d’accompagner les malades et de les soigner au risque d’y laisser leur propre vie. Dans cet élan bienveillant et bienfaisant pour leur semblable faible et accablé par la maladie, la vérité de la résurrection du Christ continue de triompher comme elle a toujours triomphé dans la vie des saints et des martyrs, à savoir que dans le Christ, par lui et avec lui, l’amour est plus fort que la mort. Or, pour être plus fort que la mort, l’amour doit d’abord être plus fort que la vie ! En ces derniers comme en Jésus, l’amour se montre plus fort que leur propre vie, et par conséquent plus fort que leur propre mort.

Léonel Kouam Ghomsi, sx
Douala - Cameroun

Léonel Kouam Ghomsi sx
15 março 2021
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