En préparation et vers la célébration de notre XVIII Chapitre Général, nous nous sommes mutuellement convoqués à aimer notre vocation xavérienne. Je crois que nous avons utilisé plus que jamais le verbe aimer dans nos échanges et publications. Pour éviter l’abus et l’inflation du verbe « aimer », et précisément au nom de ses « exigences », je nous invite à considérer, pendant que nous y sommes encore, une série de verbes qui constituent l’espace réaliste d’un saint exercice de l’amour : offrir, donner, pardonner, demander, accueillir et refuser. Je m’inspire du théologien jésuite François VARILLON dans son ouvrage vivre le christianisme, mais les références à notre fondateur et à nos innombrables documents abondent aussi dans le même sens.
Aimer c’est offrir
Le verbe offrir exprime l’attention dont fait preuve l’amour : il ne voit pas seulement, mais prévoit. Il ne se nourrit pas de raisonnements a priori, mais d’intuitions et d’anticipations. Il n’est pas aveugle, mais clairvoyant. Dans la réflexion commune organisée ces jours-ci par continents, un confrère évoquait la culture africaine avec ce dicton : amaso akunda, ndabonaneza. Cette expression, traduite littéralement, souligne que les yeux qui aiment ne voient pas. C’est à peu près ce que les autres traduisent par « l’amour est aveugle ». Je pense franchement qu’on ne peut pas dire que le véritable amour aveugle : si c’était le cas, il s’agirait plutôt d’un engouement passager. En revanche, il rend la personne non seulement capable de voir, mais d’être clairvoyante, voire prophétique. L’amour prévoit le besoin de l’autre et l’aide qu’il peut lui apporter, il anticipe la requête. Voilà là une autre manière d’aimer notre vocation, notre famille, notre mission.
Offrir est un geste qui crée le lien d’amitié. Grâce à son regard pénétrant, l’amour anticipe, conçoit et engendre des relations, des rencontres et de la joie. A l’instar du bon Samaritain, nous ne devons pas agir poussés par le devoir, mais par la puissance de l’amour (cf. Lc 10, 29-37). Parfois, à ceux qui sont incapables de demander de l’aide autour de nous, il faut discrètement prodiguer un amour qui sait offrir. Aimer notre vocation xavérienne c’est offrir, c’est être capable de prendre l’initiative et de laisser tomber le protocole habituel de réaction à une requête.
Aimer c’est donner
Ce que nous distribuons aux autres ne représente pas toujours un véritable don. Certains gestes « généreux », en particulier ceux qui puisent dans notre superflu, sont plutôt des « cadeaux » que nous nous faisons à nous-mêmes, pour faire de la place chez nous. En revanche l’amour qui donne le fait de telle sorte que le plateau de la balance penche en direction de l’altérité. Oui, il y a de la joie à donner et il est inutile de s’en priver. Cependant, il faut faire attention aux motivations qui nous poussent à ce geste.
Donner n’est pas synonyme de se défaire de choses qui ne nous servent plus ou ne nous conviennent plus – même si nous y sommes parfois obligés – ; ce n’est non plus distribuer pour se sentir mieux dans sa peau ou moins coupable par rapport à la chance qu’on a eue soi-même dans la vie. Faire un don, et donc aimer notre vocation xavérienne, c’est donner quelque chose d’essentiel, de vital, une part de soi, et donner de son propre temps. Et ce que nous ne pouvons plus récupérer est un cadeau inscrit dans l’éternité.
Aimer c’est pardonner
Le préfixe « per » ou « par » en dit long sur le sens du geste de pardonner, étant donné qu’il implique la nuance de « jusqu’au fond ». Ainsi le mot « per-fectionner » signifie aller jusqu’au bout et donner le meilleur de soi-même ; « par-courir » veut dire courir jusqu’à la ligne d’arrivée. De même, « par-donner » signifie donner jusqu’au bout, pleinement. Celle-ci est une dimension essentielle de notre vocation xavérienne. En effet, parfois il s’agit de pardonner simplement l’altérité, le fait que l’autre soit différent de nous, différent sur le plan culturel, différent de l’idée que nous nous sommes fait de lui. Pardonner c’est ouvrir notre cœur à la polyphonie de l’altérité et à la diversité authentique.
Pardonner, c’est aussi se pardonner, ou plutôt s’accueillir soi-même dans le pardon de Dieu. De ce point de vue, aimer notre vocation c’est laisser Dieu poser son regard sur notre propre vie, ce regard qui sauvegarde, régénère les blessures et ressuscite la propre créativité.
Aimer c’est demander
Voilà un des gestes les plus difficiles de l’amour. Ce n’est pas par hasard que nous avons tant de mal à comprendre que le fait de « demander » puisse être compris comme un geste d’amour. En le faisant, nous accordons à l’autre notre entière confiance, nous nous confions à lui sans aucune honte et exerçons ainsi l’humilité typique de l’amour. Pour aimer notre vocation xavérienne nous avons donc besoin de redécouvrir la dimension de la confiance à nous accorder les uns les autres. Dans la mesure où nous ne savons pas demander, nous n’aimons pas encore notre vocation xavérienne.
Celui qui demande et sait déléguer de bonne façon offre à l’autre la possibilité d’aimer. Le fait de permettre à autrui d’aimer et de croître dans l’amour, est à son tour un immense geste d’amour. C’est cela que Dieu fait avec nous en nous créant et en nous confiant la création, c’est cela qu’il réalise en nous confiant l’Evangile et en nous invitant à l’annoncer.
Aimer c’est accueillir
Accueillir peut avoir un double visage. Il implique d’agréer la demande et la requête de l’autre. C’est la capacité de dire « oui » de tout son être. Il nous arrive cependant d’exaucer l’autre, mais à contrecœur. Il n’y a pas alors accueil, mais plutôt fuite devant l’ennui.
Le second visage dans le geste d’accueillir consiste à recevoir l’offrande de soi, le don et le pardon des autres et de l’Autre. Ici aussi, il peut arriver que nous recevions sans accueillir. C’est le vice du cœur prétentieux qui ne sait pas se réjouir d’un cadeau. Recevoir peut nous laisser indifférents, tandis qu’accueillir ne peut que générer de la joie, de l’appréciation et de la reconnaissance.
Face à l’amour reçu dans notre vocation xavérienne, l’accueil est la seule réponse adéquate. Son paradigme est le fiat de Marie qui ne reçoit pas seulement, mais dit oui au Verbe en son sein. Ce qui importe, comme nous l’attendons de nous tous dans l’effort d’aimer notre vocation xavérienne, c’est que la réponse correspond à la valeur du don et le corrobore. Comme l’amour n’est pas autosuffisant, accueillir devient ce geste intentionnel de se laisser librement interpeller par l’autre. Aimer notre vocation xavérienne c’est en quelque sorte embrasser une pauvreté, faire de l’espace et apprendre à accueillir le don de la famille charismatique que nous formons.
Aimer c’est refuser
Nous avons tous un jour reçu un « non », et c’est cela aussi aimer. Je pense aux parents qui le savent bien plus que nous. Les « non » qu’ils adressent à leurs enfants leur coûtent beaucoup, mais vont souvent les faire « mûrir » et « croître ». Faisons quelques nuances : d’un côté on se retrouve à dire « non » simplement et immédiatement pour le plus grand bien de l’autre. On dit « non » pour éduquer, parce que les temps ne sont pas encore mûrs. Aimer notre vocation implique donc nous ouvrir au processus d’éducation et avec une attention aux signes de temps. Par ailleurs, refuser, c’est dire « non » en raison d’un réalisme qui reconnaît ses propres limites sur le plan de la santé, de la disponibilité, des ressources, … Sans être prisonniers de notre image, reconnaissons la nécessité de vivre et d’agir en fonction des diverses situations (repositionnement) : c’est cela aussi aimer notre vocation
Pour clore, j’estime que nous ne sommes pas appelés à conjuguer indéfiniment le verbe « aimer ». Il faut décidément aller à l’essentiel de notre consécration, vivre la pauvreté et la dépendance. L’amour est pauvreté et dépendance, jamais autosuffisance. L’amour est don et accueil, jamais replis sur soi.
Yaoundé, 09 juin 23
Mbula Gilbert, sx
Chiamati ad AMARE la nostra vocazione saveriana
In preparazione e in vista della celebrazione del nostro XVIII Capitolo Generale, siamo chiamati ad amare la nostra vocazione saveriana. Credo che, in questo periodo, più che mai abbiamo usato il verbo amare nei nostri scambi e pubblicazioni. Per evitare l’abuso e l’inflazione del verbo "amare", e proprio in nome delle sue "esigenze", invito a considerare, già che ci siamo, una serie di verbi che costituiscono lo spazio realistico di un santo esercizio dell’amore: offrire, dare, perdonare, chiedere, accettare e rifiutare. Mi ispiro al teologo gesuita François VARILLON nel suo libro Vivere il cristianesimo, ma nella stessa direzione abbondano anche i riferimenti al nostro fondatore e ai nostri innumerevoli documenti.
Amare è offrire
Il verbo offrire esprime la cura mostrata dall’amore: non solo vede, ma prevede. Non si nutre di ragionamenti a priori, ma di intuizioni e anticipazioni. Non è cieco, ma chiaroveggente. Nella riflessione comune organizzata in questi giorni dai continenti, un confratello ha evocato la cultura africana con questo detto: amaso akunda, ndabonaneza. Questa espressione, tradotta letteralmente, sottolinea che gli occhi che amano non vedono. Questo è praticamente ciò che altri traducono in "l’amore è cieco". Onestamente penso che non si possa dire che il vero amore sia cieco: se lo fosse, sarebbe piuttosto un’infatuazione passeggera. Anzi, rende la persona non solo capace di vedere, ma di essere chiaroveggente, persino profetica. L’amore prevede il bisogno dell’altro e l’aiuto che può portare, anticipa la richiesta. Questo è un altro modo di amare la nostra vocazione, la nostra famiglia, la nostra missione.
Donare è un gesto che crea il legame di amicizia. Grazie al suo sguardo penetrante, l’amore anticipa, progetta e genera relazioni, incontri e gioia. Come il buon samaritano, non dobbiamo agire spinti dal dovere, ma dalla forza dell’amore (cfr. Lc 10,29-37). A volte, verso chi intorno a noi non è in grado di chiedere aiuto, dobbiamo agire con discrezione ed un amore che sa donare. Amare la nostra vocazione saveriana è offrire, saper prendere l’iniziativa e abbandonare il consueto protocollo di reagire con stizza davanti a una richiesta.
Amare è dare
Quello che distribuiamo agli altri non sempre è un vero dono. Alcuni gesti “generosi”, in particolare quelli che attingono al nostro superfluo, sono piuttosto “regali” che ci facciamo, per fare spazio nelle nostre case. D’altra parte, l’amore che dona fa pendere la bilancia nella direzione dell’alterità. Sì, c’è gioia nel dare ed è inutile privarsene. Bisogna però prestare attenzione alle motivazioni che ci spingono a questo gesto.
Dare non è sinonimo di rinunciare a cose che non ci servono o non ci convengono più – anche se a volte dobbiamo –; né è distribuire per sentirsi meglio con se stessi o meno in colpa per quanto si è fortunati nella vita. Donare, e quindi amare la nostra vocazione saveriana, è donare qualcosa di essenziale, di vitale, una parte di sé, e donare il proprio tempo. E quello che non possiamo più recuperare è un dono scritto nell’eternità.
Amare è perdonare
Il prefisso "per" la dice lunga sul significato del gesto di perdono, poiché implica la sfumatura di "fino alla fine". Così la parola "perfezione" significa andare fino in fondo e dare il meglio di sé; “percorrere” significa correre verso il traguardo. Allo stesso modo, “perdonare” significa donare fino alla fine, pienamente. Questa è una dimensione essenziale della nostra vocazione saveriana. Infatti, a volte si tratta semplicemente di perdonare l’alterità, il fatto che l’altro sia diverso da noi, diverso culturalmente, diverso dall’idea che ci siamo fatti di lui. Perdonare è aprire il cuore alla polifonia dell’alterità e alla diversità autentica.
Perdonare è anche perdonarsi, anzi accogliersi nel perdono di Dio. Da questo punto di vista, amare la nostra vocazione è lasciare che Dio guardi la nostra stessa vita, questo sguardo che custodisce, rigenera le ferite e resuscita la nostra stessa creatività.
Amare è chiedere
Questo è uno dei gesti d’amore più difficili. Non a caso facciamo così fatica a capire che il “chiedere” può essere inteso come un gesto d’amore. Così facendo diamo all’altro la nostra piena fiducia, ci affidiamo a lui senza alcuna vergogna ed esercitiamo così l’umiltà tipica dell’amore. Per amare la nostra vocazione saveriana, dunque, abbiamo bisogno di riscoprire la dimensione della fiducia reciproca. Nella misura in cui non sappiamo chiedere, non amiamo ancora la nostra vocazione saveriana.
Chi chiede e sa delegare bene offre all’altro la possibilità di amare. Permettere agli altri di amare e di crescere nell’amore è a sua volta un immenso atto d’amore. Questo è ciò che Dio fa con noi creandoci e affidandoci il creato, questo è ciò che realizza affidandoci il Vangelo e invitandoci ad annunciarlo.
Amare è accogliere
Accogliere può avere un doppio senso. Si tratta di accettare la domanda e la richiesta dell’altro. È la capacità di dire "sì" con tutto il proprio essere. Tuttavia, a volte esaudiamo l’altro, ma con riluttanza. Non c’è accoglienza quindi, ma piuttosto fuga dal disturbo.
Il secondo senso nel gesto dell’accoglienza consiste nel ricevere l’offerta di sé, il dono e il perdono degli altri e dell’Altro. Anche qui può capitare di ricevere senza accogliere. È il vizio del cuore presuntuoso che non sa gioire di un dono. Ricevere può lasciare indifferenti, mentre accogliere non può che generare gioia, apprezzamento e riconoscimento.
Di fronte all’amore ricevuto nella nostra vocazione saveriana, l’accoglienza è l’unica risposta adeguata. Il suo paradigma è il fiat di Maria che non solo accoglie, ma dice di sì al Verbo che è in lei. Ciò che conta, come ci aspettiamo da tutti noi nello sforzo di amare la nostra vocazione saveriana, è che la risposta corrisponda al valore del dono e lo corrobori. Poiché l’amore non è autosufficiente, l’accoglienza diventa questo gesto intenzionale di lasciarsi sfidare liberamente dall’altro. Amare la nostra vocazione saveriana è in qualche modo abbracciare la povertà, fare spazio e imparare ad accogliere il dono della famiglia carismatica che formiamo.
Amare è rifiutare
Tutti un giorno abbiamo ricevuto un "no", e anche questo è amore. Penso ai genitori che lo sanno molto più di noi. Il “no” che rivolgono ai figli costa loro molto, ma spesso li farà “maturare” e “crescere”. Facciamo qualche sfumatura: da un lato ci troviamo a dire "no" in modo semplice e immediato per il maggior bene dell’altro. Diciamo “no” per educare, perché i tempi non sono ancora maturi. Amare la nostra vocazione implica quindi aprirsi al processo educativo e con attenzione ai segni dei tempi. Rifiutare, inoltre, è dire "no" per un realismo che riconosce i propri limiti in termini di salute, disponibilità, risorse, ecc. Senza essere prigionieri della nostra immagine, riconosciamo la necessità di vivere e agire secondo diverse situazioni (riposizionamento): anche questo è amare la nostra vocazione
Per concludere, credo che non siamo chiamati a coniugare all’infinito il verbo “amare”. Dobbiamo assolutamente andare all’essenziale della nostra consacrazione, vivere la povertà e la dipendenza. L’amore è povertà e dipendenza, mai autosufficienza. L’amore è dare e ricevere, mai ripiegarsi su sé stessi.
Yaoundé, 09 giugno 23
Mbula Gilbert, sx
Called to LOVE our Xaverian vocation
In preparation for and towards the celebration of our XVIII General Chapter, we called each other to love our Xaverian vocation. I believe that we have used the verb "to love" more than ever in our exchanges and publications. To avoid abuse and inflation of the verb "to love", and precisely in the name of its "demands", I invite us to consider, while we are at it, a series of verbs that constitute the realistic space for a holy exercise of love: to offer, to give, to forgive, to ask, to welcome and to refuse. I take my inspiration from the Jesuit theologian François VARILLON in his book Living Christianity, but references to our founder and our countless documents also abound along the same lines.
To love is to offer
The verb to offer expresses the attention that love shows: it not only sees, but foresees. It does not feed on a priori reasoning, but on intuitions and anticipations. It is not blind, but clear-sighted. In the joint reflection organised over the last few days by continents, a confrere referred to an African culture which has this saying: amaso akunda, ndabonaneza. This expression, literally translated, emphasises that eyes that love do not see. It's more or less what others translate as "love is blind". Frankly, I don't think you can say that true love is blind: if it were, it would be more of a passing passion. On the contrary, love makes the person not only able to see, but to be clairvoyant, even prophetic. Love anticipates the other person's need and the help that can be given, it anticipates the request. This is another way of loving our vocation, our family, our mission.
Offering is a gesture that creates a bond of friendship. With its penetrating gaze, love anticipates, conceives and generates relationships, encounters and joy. Like the Good Samaritan, we must not act out of duty, but out of the power of love (cf. Lk 10:29-37). Sometimes, to those around us who are incapable of asking for help, we must discreetly lavish a love that knows how to offer. To love our Xaverian vocation is to offer, to be able to take the initiative and abandon the usual protocol of responding to a request.
To love is to give
What we give to others is not always a true gift. Some "generous" gestures, particularly those that draw on our superfluous resources, are more like "gifts" that we offer to ourselves, to make room in our own homes. On the other hand, the love that gives does so in such a way that the scales tip in the direction of otherness. Yes, there is joy in giving and there's no point in denying it. However, we need to be careful about what motivates us to make this gesture.
Giving is not synonymous with getting rid of things that no longer serve us or suit us - even if we are sometimes obliged to do so - nor is it about giving to feel better about ourselves or less guilty about the good fortune we have had in life. Giving, and therefore loving our Xaverian vocation, means giving something essential, something vital, a part of ourselves, and giving of our own time. And what we can no longer recover is a gift inscribed in eternity.
To love is to forgive
The prefix "per" or "par" says a lot about the meaning of forgiving, since it implies the nuance of "to the core". The word "per-fection" implies going all the way and giving one's best; the french verb "par-courir" means to run to the finish line. Similarly, in french "par-donner"(forgive) means to give to the very end, fully. This is an essential dimension of our Xaverian vocation. Indeed, sometimes it's simply a matter of forgiving otherness, the fact that the other is different from us, culturally different, different from the idea we have of them. To forgive is to open our hearts to the polyphony of otherness and authentic diversity.
To forgive is also to forgive ourselves, or rather to welcome ourselves into God's forgiveness. From this point of view, to love our vocation is to let God look upon our own lives, a look that saves, regenerates wounds and resurrects our own creativity.
To love is to ask
This is one of the most difficult gestures of love. It's not accidental that we find it so hard to understand that "asking" can be understood as a gesture of love. By doing so, we give the other person our complete trust, we entrust ourselves to them without shame, and in this way, we exercise the humility that is typical of love. To love our Xaverian vocation, then, we need to rediscover the dimension of trusting one another. To the extent that we don't know how to ask, we don't yet love our Xaverian vocation.
The person who asks and knows how to delegate in the right way offers the other person the possibility of loving. Allowing others to love and to grow in love is in turn an immense gesture of love. This is what God does with us when he creates us and entrusts creation to us, and this is what he does when he entrusts the Gospel to us and invites us to proclaim it.
To love is to welcome
Welcoming can have two faces. It means agreeing to the other person's request and demand. It is the ability to say "yes" with our whole being. Sometimes, however, we grant the other person's request, but only reluctantly. In that case there is no welcome, but rather an escape from boredom.
The second face in the gesture of welcoming consists in receiving the offering of ourselves, the gift and forgiveness of others and of the Other. Here too, we can sometimes receive without welcoming. This is the vice of the conceited heart that does not know how to rejoice in a gift. Receiving can leave us indifferent, whereas welcoming can only generate joy, appreciation and gratitude.
Faced with the love received in our Xaverian vocation, welcoming is the only adequate response. Its paradigm is the fiat of Mary, who not only receives, but says yes to the Word in her womb. What is important, as we expect of all of us in the effort to love our Xaverian vocation, is that the response corresponds to the value of the gift and corroborates it. As love is not self-sufficient, welcoming becomes this intentional gesture of allowing oneself to be freely challenged by the other. Loving our Xaverian vocation is, in a way, embracing poverty, making space and learning to welcome the gift of the charismatic family we form.
To love is to refuse
We've all been told "no" at some point, and that's part of loving. I'm thinking of parents who know this far more than we do. The "no" they say to their children cost them a lot, but often help them to "mature" and "grow". Let's make a few nuances: on the one hand we find ourselves saying 'no' simply and immediately for the greater good of the other. We say "no" in order to educate, because the time is not yet ripe. Loving our vocation means opening ourselves up to the process of education and paying attention to the signs of the times. On the other hand, to refuse is to say "no" because of a realism that recognises our own limits in terms of health, availability, resources, etc. Without being prisoners of our image, let's recognise the need to live and act according to the various situations (repositioning): this is also loving our vocation.
To conclude, I believe that we are not called to conjugate the verb "to love" indefinitely. We really need to get to the heart of our consecration, to live in poverty and dependence. Love is poverty and dependence, never self-sufficiency. Love is giving and welcoming, never inward-looking.
Yaoundé, 09 June 23
Mbula Gilbert, sx
Llamados a AMAR nuestra vocación javeriana
En preparación y en vista de la celebración de nuestro XVIII Capítulo General, estamos llamados a amar nuestra vocación javeriana. Creo que, en este momento, más que nunca, hemos utilizado el verbo amar en nuestros intercambios y publicaciones. Para evitar el abuso y la inflación del verbo “amar”, y precisamente en nombre de sus “exigencias”, invito a considerar, ya que estamos en ello, una serie de verbos que constituyen el espacio realista para un santo ejercicio del amor: ofrecer, dar, perdonar, pedir, aceptar y rechazar. Me inspiro en el teólogo jesuita François VARILLON, en su libro Vivire el cristianesimo, pero también abundan en el mismo sentido las referencias a nuestro fundador y a nuestros innumerables documentos.
Amar es ofrecer
El verbo ofrecer expresa el cuidado que muestra el amor: no sólo ve, sino que prevé. No se alimenta de razonamientos a priori, sino de intuiciones y anticipaciones. No es ciego, sino clarividente. En la reflexión común organizada estos días por los continentes, un cohermano evocó la cultura africana con este dicho: amaso akunda, ndabonaneza. Esta expresión, traducida literalmente, subraya que ojos que aman no ven. Es prácticamente lo que otros traducen como “el amor es ciego”. Sinceramente, creo que no se puede decir que el verdadero amor sea ciego: si lo fuera, sería más bien un entusiasmo pasajero. Al contrario, el amor hace que la persona no sólo sea capaz de ver, sino que sea clarividente, incluso profética. El amor prevé la necesidad del otro y la ayuda que puede aportar, se anticipa a la petición. Esta es otra forma de amar nuestra vocación, nuestra familia, nuestra misión.
Dar es un gesto que crea el vínculo de la amistad. Gracias a su mirada penetrante, el amor anticipa, proyecta y genera relaciones, encuentros y alegrías. Como el buen samaritano, no debemos actuar movidos por el deber, sino por la fuerza del amor (cfr. Lc 10,29-37). A veces, ante quienes nos rodean y no pueden pedir ayuda, debemos actuar con discreción y con un amor que sabe dar. Amar nuestra vocación javeriana es ofrecer, saber tomar la iniciativa y abandonar el protocolo habitual de reaccionar con impaciencia ante una petición.
Amar es dar
Lo que damos a los demás no siempre es un verdadero don. Algunos gestos “generosos”, sobre todo los que parten de nuestros excedentes, son más bien “regalos” que nos hacemos a nosotros mismos, para hacer sitio en nuestras casas. En cambio, el amor que da inclina la balanza hacia la alteridad. Sí, hay alegría en dar y no tiene sentido privarnos de ella. Sin embargo, debemos prestar atención a las motivaciones que nos impulsan a este gesto.
Dar no es renunciar a cosas que no necesitamos o que ya no nos convienen -aunque a veces tengamos que hacerlo-, ni tampoco repartir para sentirnos mejor con nosotros mismos o menos culpables de lo afortunados que somos en la vida. Dar, y por tanto amar nuestra vocación javeriana, es dar algo esencial, algo vital, una parte de uno mismo, y dar el propio tiempo. Y lo que ya no podemos recuperar es un don escrito en la eternidad.
Amar es perdonar
El prefijo “per” dice mucho sobre el significado del gesto de perdonar, ya que implica el matiz de “hasta el final”. Así, la palabra "perfección" significa llegar hasta el final y dar lo mejor de uno mismo; “perseguir” significa correr hacia la meta. Del mismo modo, “perdonar” significa dar hasta el final, plenamente. Esta es una dimensión esencial de nuestra vocación javeriana. De hecho, a veces se trata simplemente de perdonar la alteridad, el hecho de que el otro sea diferente de nosotros, diferente culturalmente, diferente de la idea que nos hemos hecho de él. Perdonar es abrir el corazón a la polifonía de la alteridad y de la auténtica diversidad.
Perdonar es también perdonarse a sí mismo, más aún, acogerse al perdón de Dios. Desde este punto de vista, amar nuestra vocación es dejar que Dios mire nuestra propia vida, con esa mirada que custodia, regenera heridas y resucita nuestra propia creatividad.
Amar es pedir
Este es uno de los gestos de amor más difíciles. No es casualidad que nos cueste tanto entender que “pedir” puede entenderse como un gesto de amor. Al hacerlo, damos al otro toda nuestra confianza, nos confiamos a él sin ninguna vergüenza y ejercemos así la humildad propia del amor. Por tanto, para amar nuestra vocación javeriana, debemos redescubrir la dimensión de la confianza mutua. En la medida en que no sepamos pedir, no amaremos nuestra vocación javeriana.
Quien pide y sabe delegar bien, ofrece al otro la oportunidad de amar. Permitir que los demás amen y crezcan en el amor es, a su vez, un inmenso acto de amor. Esto es lo que Dios hace con nosotros al crearnos y confiarnos la creación, esto es lo que hace al confiarnos el Evangelio e invitarnos a anunciarlo.
Amar es acoger
Acoger puede tener un doble sentido. Es la aceptación de la petición y la invitación del otro. Es la capacidad de decir “sí” con todo nuestro ser. Sin embargo, a veces decimos que sí al otro, pero con resistencia. Entonces no hay aceptación, sino huida de la perturbación.
El segundo sentido del gesto de acogida consiste en recibir el ofrecimiento de sí, el don y el perdón de los demás y del Otro. También aquí puede ocurrir que se reciba sin acoger. Es el vicio del corazón engreído que no sabe alegrarse de un don. Recibir puede dejar indiferente, mientras que acoger no puede sino generar alegría, aprecio y reconocimiento.
Ante el amor recibido en nuestra vocación javeriana, la acogida es la única respuesta adecuada. Su paradigma es el fiat de María que no sólo acoge, sino que dice sí a la Palabra que mora en ella. Lo que importa, como esperamos de todos nosotros en el esfuerzo por amar nuestra vocación javeriana, es que la respuesta corresponda al valor del don y lo corrobore. Porque el amor no es autosuficiente, la aceptación se convierte en ese gesto intencionado de dejarse interpelar libremente por el otro. Amar nuestra vocación javeriana es, de alguna manera, abrazar la pobreza, hacer espacio y aprender a acoger el don de la familia carismática que formamos.
Amar es rechazar
Todos hemos recibido algún día un “no”, y eso también es amor. Pienso en los padres que entienden mucho mejor que nosotros. El “no” que dan a sus hijos les cuesta mucho, pero a menudo les hace “madurar” y “crecer”. Hagamos algunos matices: por un lado, decimos “no” de forma sencilla e inmediata por el bien mayor del otro. Decimos “no” por educar, porque los tiempos no son aún maduros. Amar nuestra vocación implica, por tanto, estar abiertos al proceso educativo y prestar atención a los signos de los tiempos. Rechazar es también decir “no” a partir de un realismo que reconoce las propias limitaciones en términos de salud, disponibilidad, recursos, etc. Sin ser prisioneros de nuestra propia imagen, reconozcamos la necesidad de vivir y actuar según las distintas situaciones (reposicionamiento): esto también es amar nuestra vocación
En conclusión, creo que no estamos llamados a conjugar el verbo “amar” hasta el infinito. Debemos ir necesariamente a lo esencial de nuestra consagración, vivir la pobreza y la dependencia. El amor es pobreza y dependencia, nunca autosuficiencia. El amor es dar y recibir, nunca replegarse sobre sí mismo.
Yaundé, 09 de junio 2023
Mbula Gilbert, sx
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