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Le vieux Masudi

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Le vieux Masudi à Penekusu

Appel à une fois plus grande

Il m’arrive parfois, lors de la visite à des communautés de tomber sur des situations difficiles, des problèmes et des divisions. Cela demande de se rencontrer et réfléchir ensemble pour trouver des solutions.

Une fois dans un village (Penekusu) j'ai trouvé une situation vraiment bouleversante. Une partie des chrétiens n'assistait plus à la messe à cause d'un fait très grave qui s'était produit. La fille d'un couple catholique tombait souvent en tremblant et de la salive sortait de sa bouche. Elle était probablement épileptique. Cela arrivait normalement quand il y avait la pleine lune. Tout le monde était convaincu qu'il s'agissait, bien sûr, de mauvais esprits.

Un jour, la fille malade, fut conduite par ses frères, dans l'église d'une secte à laquelle ils appartenaient. Excitée par l'encens, dans son délire, elle nomma 4 vieilles femmes (toutes Catholiques), soi-disant sorcières, qui voulaient sa mort. Parmi les 4 il y avait la femme de Masudi. Ce qui était regrettable c'était que beaucoup de chrétiens catholiques croyaient vraiment que les 4 femmes en question étaient des sorcières et qu'elles se cachaient dans leur communauté pour `couvrir' leurs actions maléfiques. Ce couple, déjà âgé, appartenait au mouvement Legio Mariae. Il vivait du travail des champs et était resté uni durant toute la vie malgré le manque d'enfants (en Afrique l'absence d'enfants est inacceptable et oblige à casser le mariage et à chercher une autre femme). C’était un couple exemplaire ... Aussitôt après l’accusation tous les gens de cette église sortirent pour aller s'emparer des 4 femmes et les rouer de coups. Cela provoqua, les jours suivants, la mort de la femme de Masudi.

Masudi, juste après l’enterrement de sa femme, dû s'imposer sur son clan pour interdire la vengeance et, en suite, demanda un procès public au village. Il voulait rétablir la dignité et l'innocence de sa femme. Il disait : moi j'ai vécu toute ma vie avec elle sans jamais voir qu'elle était mauvaise, en plus on s'est toujours respecté et aimé comme Dieu nous le demande, je veux qu'on me prouve sa culpabilité et, dans la négative, que sa mémoire soit réhabilitée dans le village.

Le tribunal du village (Conseil des Sages) a condamné le fait, déclaré la femme innocente, et obligé les coupables à réparer la faute en payant 10 chèvres, une somme d'argent et à rembourser les choses cassées à la maison.

Quelques jours après, ils sont venus avec la première chèvre. Le veuf, Masudi, les a remerciés en acceptant la chèvre et leur a dit : Je vous pardonne, mais je ne veux plus rien de votre part parce que rien ne peut remplacer l'amour de ma femme.

Et pourtant il était très pauvre. Voilà une petite histoire, un témoignage, qui m'a laissé bouche bée. C'est ainsi que les derniers seront les premiers. Je me suis rendu compte que moi j'étais encore loin d'une foi pareille.

Par la suite j'ai réuni les trois autres femmes encore vivantes, Masudi, les responsables des communautés, la fille et ses parents, pour leur faire comprendre que Dieu est miséricordieux et que chacun de nous a besoin de sa miséricorde. Il faut se pardonner mutuellement. En outre ils étaient témoins de la conduite du vieux Masudi. J'ai cherché à leur faire comprendre aussi que leur fille était malade et ce n'était pas parce que quelqu'un lui en voulait et lui envoyait de mauvais sorts qu'elle tombait. Une des trois femmes ne voulait absolument pas pardonner les parents de la fille ni la fille elle-même. Il lui a fallu encore du temps pour le faire. Son problème (elle était en effet la plus visée et la plus détestée par le village à cause de sa langue peut être) était d'avoir été salie et marquée pour toujours, jusqu'à la fin de sa vie, par ce titre de ‘Sorcière’. Comment pouvait-elle en être lavée et rétablir ainsi son honneur ? J'ai proposé aux parents de la fille d'organiser un repas fraternel chez eux avec toutes les personnes concernées comme signe de réconciliation. Cela pouvait être un témoignage aussi aux yeux du village, et ils l'ont fait.

Souvent les Catholiques sont les plus visés par les ‘païens’ et ils subissent des tracasseries et des ‘persécutions’ à cause de leur foi et de leur témoignage de la vérité dans les différentes situations de conflits au village.

Gianni Magnaguagno, sx

Magnaguagno Gianni sx
16 Maggio 2015
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