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Entre continuité et discontinuité

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Mon expérience missionnaire à Mentawaï (Indonésie)

La mission est l’œuvre de Dieu. Il appelle des hommes et des femmes et les associe à sa mission. Cette lourde charge se réalise dans l’Église, pour l’Église et par l’Église. On est missionnaire parce qu’on est envoyé. C’est dans cette logique que j’ai eu la grâce d’être appelé et envoyé pour servir le Seigneur avec les gens de Mentawaï. Envoyé par la congrégation des missionnaires xavériens, j’exerce mon travail missionnaire dans la paroisse de Notre Dame de l’Assomption-Siberut dans l’île de Mentawaï en Indonésie depuis un an déjà. La mission s’inscrit dans une logique d’écoute continue. Comme missionnaire, on doit toujours être à l’écoute premièrement de Celui qui nous envoi, de la congrégation, de l’église locale qui nous accueille et de la culture dans laquelle nous vivons et partageons le message salvifique du Christ.

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Après une année d’étude de la langue indonésienne (Bahasa Indonesia), le supérieur régional et son conseil m’ont envoyé travailler dans cette île. Lorsque cela m’a été proposé, j’ai eu beaucoup d’inquiétudes dû au fait que je ressentais que je n’étais pas encore prêt à aller étudier une nouvelle langue alors que le « Bahasa » est encore rudimentaire. Il est à noter que sur les 27 postes que comptent la paroisse, la messe en langue Indonésienne se fait seulement au centre de la paroisse. Dans les 26 autres, on dit la messe en langue Mentawaï qui a une structure toute différente de la langue Indonésienne. Encouragé par le supérieur, j’ai accepté cette mission avec joie et dans l’esprit d’obéissance qui est l’un des piliers de la vie religieuse : « Su ta parole, je lancerais les filets. » (Luc 5, 5).

Contrairement à la grande partie du pays où les musulmans représentent environ 80%, les catholiques représentent environ 70% sur le territoire de notre paroisse. Il y a des Protestants et quelques Musulmans aussi. Le processus d’islamisation est aussi un facteur auquel nous devons faire face. Il y a des mosquées çà et là, bien que parfois vides. Ils reçoivent de grandes subventions extérieures et aussi du gouvernement. Vu que la majeure partie de la population ne vit que de l’agriculture de subsistance, ils deviennent des proies faciles à intégrer l’Islam lorsqu’on leur propose des dons, des bourses d’études pour leurs enfants, un peu d’argent et bien d’autres encore.

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J’ai intitulé ce partage d’expérience ‘entre continuité et discontinuité’. Je procèderai à élucider les raisons pour lesquelles je perçois ma présence missionnaire à Mentawaï comme un équilibre entre continuité et discontinuité. Nous missionnaires xavériens, avons un mode missionnaire propre à nous et reconnu par l’Eglise universelle : Ad gentes, ad vitam, ad extra. J’insisterai plus sur la dimension ad extra qui veut dire être missionnaire en dehors de notre pays et culture d’origine. Mentawaï est l’île de l’Indonésie la plus reculée du côté Ouest. Notre paroisse est située en zone rurale. Moi je suis originaire de Bandjoun (Cameroun) qui est aussi située en zone rurale. Les habitudes et les comportements quant au processus de socialisation des zones rurales diffèrent parfois de ceux des zones urbaines. Un aspect qui me fait parler de la continuité est ce processus de socialisation.

Pendant les visites pastorales dans les postes éloignés qui s’étendent parfois sur plusieurs jours, je suis souvent accompagné d’un des élèves de l’internat de la paroisse. Là, les gens lui posent la question à savoir de quelle localité il vient, de quel clan. Après la présentation, l’interrogateur trouve toujours un lien qui le rattache à cet élève. Après avoir vécu ce scénario à plusieurs reprises, je me dis en moi-même : je suis dans mon village ici et pas en Indonésie. Ce sont des habitudes de familiarités aussi bien communes dans mon village natal Bandjoun et Mentawaï. Pendant les promenades dans le quartier ou pendant les visites pastorales, tous les gens rencontrés en chemin posent des questions du genre : « kaipa nuei » « kaipa nubara » (où vas-tu, d’où viens-tu). Toutes les fois où on se rencontre en route, on crée des situations pour construire la familiarité. Ces habitudes sont aussi celles que j’ai acquises dans mon village. Là, rencontrer une personne en route et passer sans saluer cette personne (même si la personne est inconnue) est une grande impolitesse et manque d’éducation. Tout ceci, je les vois à mon avantage comme moyen de m’insérer dans la culture et annoncer l’Évangile du Christ. C’est si loin de mon pays d’origine mais j’y trouve une communalité, une continuité vécue des valeurs culturelles qui m’ont été inculquées depuis l’enfance.

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Comme missionnaire et envoyé sur une « terre étrangère », il y a toujours du nouveau à découvrir, parfois des situations auxquelles on s’attendait le moins. On sort de soi pour aller à la rencontre de l’autre. Aussi bien le bagage culturel issu de la culture d’origine peut constituer une aide supplémentaire à cette rencontre avec le contexte différent de celui d’où on est originaire, autant il peut parfois en être un obstacle. C’est en ce sens que je parle de discontinuité, voire même de rupture avec certains mythes culturels. Je suis né et j’ai grandi à Bandjoun, situé sur les hautes collines de l’Ouest-Cameroun et à 1500 mètres d’altitude. Le plus grand cours d’eau qui traverse la région est le Noun, qui comparé aux grands cours d’eau de l’Indonésie n’est qu’une rivière. Mentawaï, mon lieu de mission est un archipel, un ensemble d’îles.

Dans ma culture, il y a plusieurs légendes qui racontent comment il y a des esprits dans l’eau et il faudrait bien s’en méfier. Je me souviens de la première fois où pendant la promenade communautaire à la PAF en 2008, nous avons fait un aller-retour sur le fleuve Dibamba en pirogue. Une peur noire m’habitait ce jour et pour être vrai ce sont les yeux menaçants de notre recteur à l’époque (Père Oliviero Verzeletti) qui m’ont fait ne pas fuir. Pour nous réconforter, il a dit ceci : Il faut vous y habituer car vous ne savez pas là où vous serez pour la mission. Ce pourra être une île de l’Indonésie et là il faut savoir nager et utiliser la pirogue. Cette parole comme une prophétie est devenue réalité. Je ne sais pas encore nager mais ici il faut aller en pirogue. 14 des 27 postes que nous avons dans notre paroisse ne peuvent être visités que par pirogue. Nos moyens de locomotion pour les visites pastorales sont la pirogue, la moto et la marche à pieds là où la moto ne peut pas entrer.

Quelques fois en pleine mer et voyant l’immensité de la mer qui s’étend à perte de vue il m’arrive de penser : si la pirogue culbute comment je m’en sortirai, moi qui ne sais pas nager. J’ai déjà dépassé cette peur et c’est devenu quelque chose de normal pour moi à ces jours-ci. Il arrive parfois que ce soit moi qui invite les autres à aller en mer pour la pêche. C’est quelque chose de nouveau, mais extraordinaire et réjouissante pour moi de voir un gros poisson au bout du fil. La première fois où je suis allé en visite dans un poste par pirogue, j’ai fait une courte vidéo que j’ai en suite poster à Facebook. Les réactions de mes amis et familiers étaient unanimes : tu fais quoi dans l’eau ? tu n’as pas peur ? je ne peux jamais essayer. Ma réponse est celle-ci : si tu as peur de l’eau ici, ta visite pastorale ne sera que dans ta chambre car à 150 mètres du presbytère c’est déjà la mer. 

Mon expérience me fait comprendre que pour servir le Christ, on doit parfois sortir de soi et ne s’accrocher qu’à Lui. Lui seul peut nous aider à vaincre nos peurs et briser ces mythes qui ne nous sont d’aucun apport pour la mission. Dans l’exercice de la mission du Christ, il y a une continuité singulière par le fait même que Celui qui nous envoie est le même hier, aujourd’hui et à jamais. Il y a aussi des ruptures à faire pour accepter la situation et la culture dans laquelle nous participons à la mission du Christ. Puisse le Seigneur m’aider à avoir mon regard toujours fixé sur Lui car en Lui, « je peux tout en celui qui me fortifie » (Philippiens 4 : 13).

Siberut, 29 October 2021
Maurice Fokam, sx


Between continuity and discontinuity

My missionary experience in Mentawaï (Indonesia)

Mission is God’s work. He calls men and women and associates them with His mission. This important task is carried out in the Church, for the Church and through the Church. We are missionaries because we are sent. It is with this logic that I had the grace to be called and sent to serve the Lord with the people of Mentawaï. Sent by the congregation of Xaverian missionaries, I have been carrying out my missionary work in the parish of Our Lady of the Assumption-Siberut in the Mentawaï Islands in Indonesia for a year now. The mission is part of a logic of continuous listening. As a missionary, we must always listen first to the One who sends us, to the congregation, to the local church that welcomes us and to the culture in which we live and share the saving message of Christ.

After a year of studying the Indonesian language (Bahasa Indonesia), the regional superior and his council sent me to work in this island. When it was offered to me to reflect about that destination, I had a lot of concerns. I felt that I was not yet ready to go there and to start studying a new language whereas my “Bahasa” was still at its basic level. It should be noted that of the 27 outpost stations of the parish, the Mass in the Indonesian language takes place only at the center of the parish. In the 26 others, Mass is said in the Mentawaï language, which has a very different structure from the Indonesian language. Encouraged by the superior, I accepted this mission with joy and in the spirit of obedience which is one of the pillars of religious life: “Following your word, I will cast the nets.” (Luke 5, 5).

Unlike most part of the country where Muslims make up about 80%, Catholics make up about 70% in our parish territory. There are Protestants and some Muslims too. The process of a growing Islamization is also a factor that we have to face. There are mosques here and there, although sometimes empty. They receive large grants from outside and also from the government. Since most of the population lives only on fishing and farming, they become easy prey to integrate Islam when offered donations, scholarships for their children, or a little amount of money and many others. I called this sharing of experience ‘between continuity and discontinuity’. I will proceed to elucidate the reasons why I perceive my missionary presence in Mentawaï as a balance between continuity and discontinuity. We Xaverian missionaries, have our own missionary style recognized by the universal Church: Ad gentes, ad vitam, ad extra. I will insist more on the ad extra dimension which means being a missionary outside our country and culture of origin. Mentawaï is Indonesia’s most remote island on the west side. Our parish is located in a rural area. I am originally from Bandjoun (Cameroon) which is also located in a rural area. Habits and behaviors regarding the process of socialization in rural areas sometimes differ from those in urban areas. One aspect that makes me talk about continuity is this process of socialization.

During pastoral visits to remote stations which sometimes extend over several days, I am often accompanied by one of the students from the parish boarding school. People often ask him the question to know which locality he comes from, or from which clan. After the presentation, the interviewer always finds a link that connects them to this student. After having experienced this scenario several times, I say to myself: I am in my village here and not in Indonesia. There are common habits in my native village Bandjoun and Mentawaï. During walks in the neighborhood or during pastoral visits, all the people encountered along the way ask questions like: “kaipa nuei“kaipa nubara” (where are you going, where are you from). Whenever we meet on the road, we create situations to build familiarity. These habits are also the ones I have acquired in my native place. There, meeting a person on the way and passing by without greeting that person (even if the person is unknown) is perceived as coming from a rude and uneducated person. All of this I see to my advantage as a means of fitting into the culture and proclaiming the Gospel of Christ. It is so far from my country of origin, but I find there are commonality, a lived continuity of the cultural values ​​that have been instilled in me since childhood.

As a missionary and sent to a “foreign land”, there is always something new to discover, sometimes situations that you least expect. We go out of ourselves to meet the other. Also, the cultural background from the culture of origin can constitute an additional help in this encounter with the context different from that where one comes from, as much it can sometimes be an obstacle. It is in this sense that I speak of discontinuity, or even a disruption with certain cultural myths or legends. I was born and grown up in Bandjoun, located on the high hills of West Cameroon and at an altitude of 1500 meters from the sea level. The largest river that crosses the region is the Noun, which compared to the great rivers of Indonesia is just a very small river. Mentawaï, my place of mission is an archipelago, a group of islands.

In my culture, there are several legends that tell of how there are spirits living in water and we should be wary of them. I remember the first time during the community outing at the PAF (first year of formation), we made a round trip on the Dibamba river by canoe. I was terrified by fear that day and to be true, it was the threatening eyes of our rector at the time (Father Oliviero Verzeletti) that made me not flee. To comfort us, he said this: You have to get used to it because you do not know where you will be for mission. It could be in an island in Indonesia and there you have to know how to swim and get used with the canoe. These words, uttered as a prophecy have come true. I don’t know how to swim yet, but here you have to go by canoe. 14 of the 27 outposts stations we have in our parish can only be visited by canoe. Our means of transportation for pastoral visits are the canoe, the motorbike and walking where the motorbike cannot enter.

Sometimes in the open sea and seeing the immensity of the sea that stretches as far as the eyes can see, some ideas cross my mind: if the canoe tumbles here how will I get by, I who cannot swim. I have got over that fear already and it has become normal for me nowadays. Sometimes I am the one who invites others to go out to sea for fishing. It is something new but wonderful and heartening for me to see a big fish on the line. The first time I visited an outpost station by canoe, I made a short video which I then uploaded on Facebook. The reactions of my friends and relatives were unanimous: what are you doing in the water? You’re not scared? I can never try and so on and so for. My answer is this: if you are afraid of water here, your pastoral visit will only be in your room because 150 meters away from the presbytery is already the sea.

My experience tells me that in order to serve Christ, you sometimes have to step out of yourself and cling only to Him. He alone can help us overcome our fears and shatter those myths that do not help us in becoming missionaries. In the exercise of Christ’s mission, there is a genuine continuity by the very fact that the One who sends us is the same yesterday, today and forever. There are also ruptures to be made in order to accept the situation and the culture in which we participate in Christ’s mission. May the Lord help me to have my gaze always fixed on Him because in Him “I can do everything in him who strengthens me” (Philippians 4:13).

Siberut, 29 October 2021
Maurice Fokam, sx


Entre continuidad y discontinuidad

Mi experiencia misionera en Mentawai (Indonesia)

La misión es obra de Dios. Él llama a hombres y mujeres y los asocia a su misión. Esta importante tarea se lleva a cabo en la Iglesia, por la Iglesia y a través de la Iglesia. Somos misioneros porque somos enviados. Desde esta lógica tuve la gracia de ser llamado y enviado a servir al Señor con el pueblo de Mentawai. Enviado por la Congregación de los Misioneros Javerianos, desde hace un año desempeño mi labor misionera en la parroquia de Nuestra Señora de la Asunción-Siberut, en las islas Mentawai, en Indonesia. La misión es parte de una lógica de escucha continua. Como misionero, hay que estar siempre atentos a Aquel que nos envía, a la Congregación, a la Iglesia local que nos acoge y a la cultura en la que vivimos y compartimos el mensaje salvador de Cristo.

Tras un año de estudio de la lengua indonesia (Bahasa Indonesia), el Superior Regional y su Consejo me enviaron a trabajar a esta isla. Cuando me ofrecieron reflexionar sobre ese destino, tuve muchas preocupaciones. Sentía que aún no estaba preparado para ir allí y empezar a estudiar una nueva lengua cuando mi “bahasa” estaba aún en su nivel básico. Cabe señalar que, de las 27 estaciones de la parroquia, la Misa en lengua indonesia se celebra sólo en el centro de la parroquia. En los 26 restantes, la Misa se dice en la lengua mentawai, que tiene una estructura muy diferente de la indonesia. Animado por el Superior, acepté esta misión con alegría y con el espíritu de obediencia que es uno de los pilares de la vida religiosa: “Siguiendo tu palabra, echaré las redes” (Lucas 5, 5).

A diferencia de la mayor parte del país, donde los musulmanes representan alrededor del 80%, los católicos representan alrededor del 70% en nuestro territorio parroquial. También hay protestantes y algunos musulmanes. El proceso de islamización creciente es también un factor que tenemos que afrontar. Hay mezquitas aquí y allá, aunque a veces están vacías. Reciben grandes subvenciones del exterior y también del gobierno. Como la mayor parte de la población sólo vive de la pesca y una agricultura de subsistencia, se convierten en presa fácil para entrar al Islam cuando se les ofrecen donaciones, becas para sus hijos o una pequeña cantidad de dinero y muchas otras cosas.

He llamado este intercambio de experiencias “entre continuidad y discontinuidad”. Empezaré explicando las razones por las que percibo mi presencia misionera en Mentawai como un equilibrio entre continuidad y discontinuidad. Los Misioneros Javerianos, tenemos nuestro propio estilo misionero reconocido por la Iglesia universal: Ad gentes, ad vitam, ad extra. Insistiré más en la dimensión ad extra, que significa ser misionero fuera de nuestro país y cultura de origen. Mentawai es la isla más remota de Indonesia, en su parte occidental. Nuestra parroquia está situada en una zona rural. Yo soy originario de Bandjoun (Camerún), que también se encuentra en una zona rural. Los hábitos y comportamientos del proceso de socialización en las zonas rurales difieren a veces de los de las zonas urbanas. Un aspecto que me hace hablar de continuidad es este proceso de socialización.  

Durante las visitas pastorales a estaciones remotas, que a veces duran varios días, me suele acompañar uno de los alumnos del internado de la parroquia. La gente suele preguntarle de qué localidad procede, o de qué clan. Tras la presentación, el entrevistador siempre encuentra un vínculo que lo relaciona con este estudiante. Después de haber vivido este escenario varias veces, me digo: aquí estoy en mi pueblo y no en Indonesia. Hay costumbres comunes en mi pueblo natal, Bandjoun y Mentawai. Durante los paseos por el barrio o durante las visitas pastorales, todas las personas que encuentro en el camino me hacen preguntas como “kaipa nuei”, “kaipa nubara” (¿A dónde vas? ¿De dónde eres?). Cada vez que nos encontramos en el camino, creamos situaciones para crear familiaridad. Estos hábitos son también los que he adquirido en mi pueblo. Allí, encontrarse con una persona en el camino y pasar de largo sin saludar a esa persona (aunque sea desconocida) se percibe como si fuera una persona grosera e inculta. Todo esto lo veo como una ventaja para encajar en la cultura y proclamar el Evangelio de Cristo. Esto sucede muy lejos de mi país de origen, pero encuentro puntos en común, existe una viva continuidad de los valores culturales que me han inculcado desde la infancia.

Como misionero y como alguien enviado a una “tierra extranjera”, siempre hay algo nuevo que descubrir, a veces situaciones que uno no se espera. Uno sale de sí mismo para ir al encuentro del otro. Además, el bagaje cultural de la cultura de origen puede constituir una ayuda adicional en este encuentro en medio de un contexto diferente del que uno procede, pero a veces puede ser también un obstáculo. En este sentido, hablo de discontinuidad, o incluso de ruptura con ciertos mitos o leyendas culturales. Nací y crecí en Bandjoun, situado en las altas colinas del oeste de Camerún y a una altitud de 1500 metros sobre el nivel del mar. El mayor río que atraviesa la región es el Noun, que comparado con los grandes ríos de Indonesia es un río muy pequeño. Mentawai, mi lugar de misión, es un archipiélago, un grupo de islas.

En mi cultura, hay varias leyendas que cuentan que hay espíritus que viven en el agua y que debemos tener cuidado con ellos. Recuerdo que la primera vez, durante la salida comunitaria en el PAF (primer año de formación), hicimos un viaje de ida y vuelta por el río Dibamba en canoa. Aquel día estaba aterrorizado por el miedo y, en verdad, fueron los ojos amenazantes de nuestro rector de entonces (el P. Oliviero Verzeletti) los que me hicieron no huir. Para consolarnos, nos dijo lo siguiente: Tienen que acostumbrarse a esto, porque no saben a dónde irán de misión. Podría ser en una isla de Indonesia y allí hay que saber nadar y acostumbrarse a la canoa. Estas palabras, pronunciadas como una profecía, se han hecho realidad. Todavía no sé nadar, pero aquí hay que ir en canoa. 14 de las 27 estaciones que tenemos en nuestra parroquia sólo se pueden visitar en canoa. Nuestros medios de transporte para las visitas pastorales son la canoa, la moto y caminar donde la moto no puede entrar.

A veces, en mar abierto y viendo la inmensidad del mar que se extiende hasta donde alcanzan los ojos, se me pasan por la cabeza algunas ideas: si la canoa da un vuelco aquí, ¿cómo voy a salir adelante, yo que no sé nadar? Ya he superado ese miedo y hoy en día se ha convertido en algo normal para mí. A veces soy yo quien invita a otros a salir a pescar al mar. Es algo nuevo pero maravilloso y alentador para mí ver un gran pez en el anzuelo. La primera vez que visité una estación en canoa, grabé un breve vídeo que luego subí a Facebook. Las reacciones de mis amigos y familiares fueron unánimes: ¿qué haces en el agua? ¿No tienes miedo? Nosotros nunca podríamos intentarlo y, así, se repetían sus reacciones… Mi respuesta es la siguiente: si te da miedo el agua aquí, tu vida pastoral será sólo en tu habitación porque a 150 metros del presbiterio ya está el mar.  

Mi experiencia me dice que para servir a Cristo, a veces hay que salir de uno mismo y aferrarse sólo a Él. Sólo Él puede ayudarnos a superar nuestros miedos y a romper esos mitos que no nos ayudan a ser misioneros. En el ejercicio de la misión de Cristo hay una auténtica continuidad por el hecho mismo de que Aquel que nos envía es el mismo ayer, hoy y siempre. También hay que hacer rupturas para aceptar la situación y la cultura en la que participamos en la misión de Cristo. Que el Señor me ayude a tener la mirada siempre fija en Él, porque en Él vivo aquello de: “todo lo puedo en aquel que me fortalece” (Filipenses 4:13).

Siberut, 29 de Octubre 2021
Maurice Fokam, sx


Tra continuità e discontinuità

La mia esperienza missionaria nelle Mentawai (Indonesia)

La missione è opera di Dio. Egli chiama uomini e donne per associarli alla Sua missione. Questo impegno importante è portato avanti nella Chiesa, per la Chiesa e attraverso la Chiesa. Siamo missionari perché siamo mandati. È in questa logica che io ho avuto la grazia di essere chiamato e mandato a servire Dio presso il popolo delle Mentawai. Mandato dalla congregazione dei Missionari Saveriani, per un anno ho espletato il mio lavoro missionario nella parrocchia di Nostra Signora dell’Assunzione a Siberut, nelle isole Mentawai in Indonesia. La missione fa parte di una logica di continuo ascolto. In quanto missionari, dobbiamo sempre ascoltare, innanzitutto, Colui che ci invia, poi la congregazione, la chiesa locale che ci accoglie e la cultura in cui viviamo e condividiamo il messaggio salvifico di Cristo.

Dopo un anno di studio della lingua indonesiana (Bahasa Indonesia), il superiore regionale e il suo consiglio mi hanno mandato a lavorare in questa isola. Quando mi fu offerto di riflettere sulla destinazione, ho avuto molte inquietudini. Non mi sentivo ancora pronto ad andare là e cominciare a studiare una nuova lingua quando il mio “Bahasa” era ancora ad un livello elementare. Faccio notare che la parrocchia è composta da 27 succursali e la Messa in lingua indonesiana viene celebrata solo in quella centrale. Nelle altre 26, la Messa viene celebrata in lingua mentawaiana che ha una struttura molto diversa da quella indonesiana. Incoraggiato dal superiore, ho accettato questa missione con gioia e in spirito di obbedienza che è una delle colonne della vita religiosa: “Sulla tua parola, getterò le reti” (Lc 5,5).

A differenza di gran parte di questa nazione dove i mussulmani costituiscono circa l’80% della popolazione, nel territorio della nostra parrocchia i cattolici sono circa il 70%. Ci sono anche protestanti e mussulmani. Il processo di crescente islamizzazione è un fattore che dobbiamo affrontare. Ci sono moschee dovunque, seppure a volte vuote. Ricevono grandi finanziamenti da fuori e anche dal governo. Siccome la maggior parte della popolazione vive solo di pesca e agricoltura, diventano facilmente preda della propaganda islamica quando vengono loro offerte donazioni, borse di studio per i figli o piccole somme di denaro insieme a molte altre cose. Ho chiamato questa condivisione della mia esperienza “tra continuità e discontinuità”. Di seguito procederò a spiegare perché percepisco la mia presenza missionaria nelle Mentawai come un equilibrio tra la continuità e la discontinuità. Lo stile di missione proprio di noi missionari saveriani, quello riconosciutoci dalla Chiesa universale, consiste nel: ad gentes, ad vitam e ad extra. Insisterò maggiormente sulla dimensione ad extra che si riferisce all’essere missionari fuori dal proprio paese e cultura di origine. Le Mentawai sono le isole nella parte occidentale più remota dell’Indonesia. La nostra parrocchia è situata in una zona rurale. Io sono originario di Bandjoun (Cameroon), che è pure situato in una zona rurale. Le abitudini e i comportamenti riguardanti il processo di socializzazione in zone rurali a volte differiscono da quelli in aree urbane. Un aspetto che mi fa parlare di continuità è questo processo di socializzazione.

   Durante le visite pastorali a succursali più lontane – uscite che possono occupare anche vari giorni  –  io sono solitamente accompagnato da uno degli studenti del collegio parrocchiale. La gente spesso gli fa domande per conoscere da quale località o da quale clan egli provenga. Dopo le presentazioni, chi fa simili domande trova immancabilmente delle relazioni che lo collegano a questo studente. Ho assistito a scene come questa molte volte. Mi fanno dire a me stesso: qui io sono nel mio villaggio, non in Indonesia. Nel mio villaggio di Bandjoun e nelle Mentawai ci sono delle abitudini simili. Quando faccio delle camminate nel quartiere o durante le visite pastorali, tutta la gente che incontro lungo la via fa domande quali: “kaipa nuei?” “kaipa nubara?” (Dove stai andando? Da dove sei?). Ogni qualvolta ci si incontra per strada, si creano delle situazioni al fine di instaurare un senso di familiarità. Queste abitudini sono anche quelle che ho acquisito nel mio luogo natio. Laggiù, se per via si incontra una persona e incrociandola non la si saluta (anche quando la persona sia uno sconosciuto), questo compostamento è percepito come l’atteggiamento di una persona rude e maleducata. Tutto questo lo considero un vantaggio per me, un mezzo per inserirmi nella cultura e proclamare il Vangelo di Cristo. Qui è così lontano dal mio paese di origine, ma scopro che ci sono delle cose comuni, una continuità vissuta dei valori culturali che mi sono stati instillati fin dalla mia fanciullezza.

In quanto missionario e mandato in una “terra straniera”, c’è sempre qualcosa di nuovo da scoprire e, a volte, situazioni che non ti aspetteresti. Usciamo da noi stessi per andare incontro all’altro. Anche qui, lo sfondo culturale delle proprie origini può essere un aiuto addizionale nell’incontro con un contesto diverso da quello da cui si proviene, ma a volte può anche essere un ostacolo. È in questo senso che parlo di discontinuità, o addirittura di stravolgimento di certi miti o leggende culturali. Sono nato e cresciuto a Bandjoun, che si trova sulle alte colline del Cameroon occidentale, ad un’altitudine di 1500 metri sul livello del mare. Il fiume più grande che attraversa la regione è il Noun, che al confronto con i grandi fiumi dell’Indonesia è proprio un fiumiciattolo. Le Mentawai, il mio luogo di missione, sono un arcipelago, un gruppo di isole.

Nella mia cultura ci sono parecchie leggende che raccontano di come ci siano degli spiriti che vivono nell’acqua e a cui dobbiamo stare ben attenti. Mi ricordo la prima volta che facemmo un’uscita comunitaria durante il PAF (primo anno di formazione) e facemmo un giro di andata e ritorno sul fiume Dibamba con la canoa. Quel giorno io ero terrorizzato dalla paura e, a dire il vero, furono gli occhi minacciosi di colui che a quell’epoca era il nostro rettore (p. Oliviero Verzeletti) a non farmi scappar via. Per confortarci, ci diceva: “Dovete abituarvi perché non sapete dove andrete in missione: potrebbe essere in un isola in Indonesia e allora dovrete saper nuotare e abituarvi alla canoa. Queste parole, come fossero una profezia, si sono avverate. Ancora non so nuotare, ma qui bisogna muoversi con la canoa. 14 delle 27 succursali nella nostra parrocchia possono essere visitate solamente con la canoa. Il nostro mezzo di trasporto per le visite pastorali sono le canoe, la motocicletta, o si va a piedi dove la motocicletta non può entrare.

A volte, ad alto mare, guardando l’immensità dell’acqua che si estende lontano fino a dove l’occhio riesce ad arrivare, dei pensieri mi attraversano la mente: “Se la canoa si rovesciasse qui, come potrei cavarmela, io che non so nuotare?” Ho già superato questa paura e viaggiare in barca per me ormai è diventato una cosa normale. Ogni tanto, sono io quello che invita gli altri a prendere il largo per pescare. A volte è qualcosa di nuovo ma meraviglioso, e per me incoraggiante, vedere un pesce grande che ha abboccato. La prima volta che ho visitato una succursale con la canoa, ho fatto un breve video che poi ho caricato su Facebook. Le reazioni dei miei amici e parenti sono state unanimi: Che cosa stai facendo nell’acqua? Non hai paura? Non potrei mai provare?  e così via. La mia risposta è questa: Se hai paura dell’acqua, qui la tua visita pastorale sarà solo dentro la tua stanza perché a 150 metri dalla canonica c’è già il mare.

La mia esperienza mi dice che per servire Cristo ogni tanto bisogna fare un passo fuori di sé e aggrapparsi a Lui. Lui solo ci può aiutare a superare le nostre paure e mandare a pezzi quei miti che non ci aiutano a diventare missionari. Nell’esercizio della missione di Cristo, c’è una continuità genuina per il semplice fatto che Colui che ci manda è lo stesso ieri, oggi e sempre. Ci sono delle rotture da fare per accettare la situazione e la cultura in cui partecipiamo alla missione di Cristo. Possa il Signore aiutarmi a mantenere lo sguardo sempre fisso su di Lui perché “io posso ogni cosa in colui che mi da forza” (Fil. 4, 13).

Maurice Fokam s.x.
Siberut, 29 ottobre 2021

Maurice Fokam sx
18 novembro 2021
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