Profitant de la période de vacances au pays, j’ai participé activement à la session d’Initiation au Ministère de Formateur organisée par le Centre Spirituel Missionnaire de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (CICM), du 17 Janvier 2021-27 Février 2021, à Kinshasa. J’exprime ainsi ma gratitude à la Congrégation qui m’a offerte ce temps de formation permanente.
Cette session de formation et de resourcement spirituel était en sa 22e promotion avec la participation de 22 religieux et religieuses, de 12 Congrégations différentes et provenant de 5 pays différents (Togo, Tanzanie, Tchad, Mozambique, et bien entendu la République Démocratique du Congo).
Aidés par des personnes compétentes et qualifiées dans le domaine de la formation, pendant 6 semaines nous avons réfléchi, approfondi et partagé sur différents thèmes entre autres : la personne et le rôle du formateur, la gestion des émotions dans le processus formatif, la transmission du charisme dans les maisons de formation, les normes formatives selon le Droit Canon, l’accompagnement et le discernement de vocations et enfin le leadership. Le tout dans un esprit de prière et de fraternité.
Pour moi, la formation était providentielle, intéressante et très utile ; elle a aussi répondu à certaines de mes préoccupations et attentes. En effet, après plus ou moins 15 ans d’études et de mission en dehors du pays, l’écoute des intervenants et les échanges entre les participants ainsi que l’accompagnement spirituel m’ont permis de me rendre compte de bouleversements, de défis et de crises mais aussi des opportunités et de témoignages de fidélité dans le vécu quotidien de religieux et religieuses ces dernières années.
Le constat qui s’est dégagé est que ces dernières années, la vie consacrée (au Congo) est devenue un espace trop agitée autant de l’intérieur que de l’extérieur à cause de la nouvelle mentalité moderne avec son influence surtout négative sur la vie religieuse, les défis politique, institutionnel et sécuritaire, la crise économico-sociale, la politisation de la vie religieuse, la course au pouvoir et aux charges lucratives, l’identification sur base des origines linguistiques, tribales et territoriales, la crise morale consécutive d’une société en perte de repères, la crise de l’identité religieuse, le poids de l’héritage culturel, les courants contemporains du relativisme, de l’individualisme et de l’égocentrisme,…Et la formation initiale n’en est pas épargnée parce que c’est de ces contextes que viennent les jeunes que nous formons.
Mais le bon côté de la mauvaise nouvelle est qu'il y a eu de nombreux témoignages de fidélité parmi les participants et une volonté et un engagement sincères et réels de faire la différence et d'apporter des réformes en commençant par eux-mêmes. De plus, la vie consacrée au Congo est encore si féconde que nos maisons de formation sont pleines de jeunes. Et c'est un signe d'espérance pour l'avenir de nos familles religieuses et de toute l'Église.
C’est pourquoi, la première réponse face à cette situation est la formation à la fois de formateurs et de formés, une formation de qualité, une formation à la responsabilité. Cette formation doit toucher les cœurs et les convertir. Il s’agit d'aider et d'attirer les autres pour se greffer et se configurer au Christ car personne n'aimerait imiter celui qui n’est pas épanoui dans sa consécration, celui qui montre constamment des frustrations, celui qui se retrouve dans la vie consacrée mais parfois il se consacre à autre chose, celui qui ajoute de problèmes au lieu d’être du côté de la solution pour les nombreux problèmes que nous avons déjà.
Ainsi, loin d’être une activité purement académique, ce temps d’initiation au ministère de formateur m’a également permis de renouer avec certains aspects de ma vie consacrée qui étaient parfois submergés par l’activité pastorale. En effet, grâce à l’accompagnement spirituel durant toute la durée de ce temps de resourcement j’ai pu jeter un regard un peu plus objectif sur moi-même et sur l’œuvre accomplie ces 8 dernières années. Ce regard rétrospectif sur ce que j’ai été et sur ce que j’ai accompli avec les confères et les fidèles m’a permis de repérer et de réparer certaines “brèches” et repartir sur des nouvelles bases avec enthousiasme et une fidélité renouvelée.
La session de resourcement de 6 semaines était une formation dont le but était de nous initier, de nous apprendre à guider et à accompagner les autres, mais en définitive, la session m’a ramené en moi-même. Elle m’a incité à travailler sur moi-même pour qu’avec la grâce de Dieu et le concours de collaborateurs je puisse devenir un instrument utile pour les jeunes qui me seront confiés afin de les accompagner dans la découverte de leur propre vocation, car la marche de la Congrégation ne doit pas s’arrêter ni avec moi ni après moi.
Que Dieu me forme et me munisse de tout ce qui est bon pour accomplir sa volonté, qu’il réalise en moi ce qui plait à ses yeux par Jésus Christ, à qui appartient la gloire pour les siècles des siècles. Amen (cf. He 13:21).
P. Valentin Shukuru, SX
Taking advantage of my vacation, I actively participated in the course of Initiation into the Ministry of Formatororganized by the Spiritual Missionary Center of the Congregation of the Immaculate Heart of Mary (CICM), from January 17, 2021 - February 27, 2021, in Kinshasa. I hereby express my gratitude to the Congregation for offering me this time of on-going formation.
This course on formation and spiritual renewal was on its 22nd edition with the participation of 22 religious men and women, from 12 different Congregations and coming from 5 different countries (Togo, Tanzania, Chad, Mozambique, and the Democratic Republic of Congo).
Helped by competent and qualified people in the field of formation, during 6 weeks we reflected, deepened and shared on different topics, among others: the person and the role of the formator, the management of emotions in the formation process, the transmission of charism in the formation houses, formative norms according to Canon Law, accompaniment and discernment of vocations and finally leadership. All in a spirit of prayer and brotherhood.
For me, the course was providential, interesting and very useful; it also met some of my expectations. Indeed, after more or less 15 years of study and mission outside the country, listening to the different resource persons and the exchanges between the participants as well as the spiritual accompaniment that I had, allowed me to become aware of the upheavals, challenges and crises that have occurred in recent years in the living of religious men and women.
The finding that has emerged is that in recent years, consecrated life (in Congo) has become a space too agitated as much from the inside as from the outside because of the new modern mentality with its mainly negative influence on the religious life, the political, institutional and security challenges, the economic-social crisis, the politicization of religious life, the race for power and lucrative responsibilities, identification on the basis of linguistic, tribal and territorial origins, the moral crisis resulting from a society in loss of reference points, the crisis of religious identity, the weight of cultural heritage, the contemporary trends of relativism, individualism and egocentricity,… And initial formation is not spared because it is from these contexts that the young people we train come from.
But the good side of the bad news is that there were many testimonies of faithfulness among the participants and a genuine and real desire and commitment to make difference and to bring reforms starting from themselves. Moreover, consecrated life in Congo is still so fruitful that our formation houses are full of young people. And this is a sign of hope for the future of our religious families and the whole Church.
That is why the first response to this situation is a good formation of both formators and the candidates to religious life, a formation of quality, a formation in responsibility. This formation must touch the hearts and convert them. It is about helping and attracting others to graft and configure themselves to Christ, for no one would like to imitate the one who is not fulfilled in his own consecration, or one who constantly shows frustrations, or again one who finds himself in religious life but consecrates himself to other things; also one who adds problems instead of being the solution for the many problems that we already have.
Thus, far from being a purely academic activity, this time of initiation into the ministry of formator also allowed me to reconnect with certain aspects of my life which were sometimes overwhelmed by pastoral activity. Indeed, thanks to the spiritual accompaniment throughout this time of ongoing formation, I was able to take a little more objective look at myself and at the work accomplished over the past 8 years. This retrospective look at what I have been and what I have accomplished with the confreres and the faithful has enabled me to identify and repair some “cracks” and start afresh on new bases with enthusiasm and renewed fidelity.
The 6 weeks of ongoing formation aimed at initiating us, training us how to guide and accompany others, but ultimately the course brought me back to myself. The formation encouraged me to work on myself so that with the grace of God and the help of other collaborators I may become a useful instrument for the young people who will be entrusted to me in order to accompany them in the discovery of their own vocation, because the march of the Congregation should not stop either with me or after me.
May God equip me with all that is good, that I may do his will. May he carry out in me what is pleasing to him through Jesus Christ, to whom be glory forever and ever. Amen (cf. He 13: 21).
Fr. Valentin Shukuru, SX
