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Mon expérience pastorale dans la CEVB Boyambi

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A l’instar des autres CEVB de l’archidiocèse de Kinshasa, chaque jeudi de la semaine, et pendant la soirée, est un jour de rencontre dans la CEVB Boyambi, faisant partie de dix Communautés Ecclésiales Vivantes (de Base) que comporte notre paroisse Saint Bernard. J’y suis allé en apostolat au cours de l’année communautaire 2021-2022Ce jour-là m’offrit toujours la force de savoir être à l’écoute du peuple de Dieu, partager la Parole de Dieu avec lui à l’aide du bulletin Lisanga, ses joies et de ses peines quotidiennes. La CEVB exprime visiblement la nécessité d’une Eglise domestique, celle qui rend solide la foi des chrétiens et leur accorde la capacité de croire en un Dieu toujours proche de l’homme et de son histoire.

Je dois dire que chaque rencontre faite dans la CEVB Boyambi fut pour moi une chance pour un décentrement de mon égo, une prise de conscience de ma vocation missionnaire et religieuse et un bain d’immersion dans le quotidien de mes frères et sœurs. C’est celle-là la logique du témoignage qui anime l’évangélisation. A lire la majestueuse encyclique de Paul VI, l’on peut admirer le sens du témoignage dans la mission d’évangélisation.

Pour le Pape, « il n’est pas superflu de le rappeler : évangéliser est tout d’abord témoigner, de façon simple et directe, du Dieu révélé par Jésus-Christ, dans l’Esprit Saint. Témoigner que dans son Fils il a aimé le monde ; que dans son Verbe Incarné il a donné l’être à toute chose et a appelé les hommes à la vie éternelle. » (Paul VI, Evangelii Nuntiandi, no.26)  

Faire naître une évangélisation qui témoigne de la foi au Christ mort et ressuscité, est une occasion d’habiter l’aujourd’hui du peuple de Dieu, dans son propre milieu. Et cela dans la foi, la charité, la simplicité, la joie et l’espérance. Ce sont ces éléments qui constituent la cheville ouvrière d’une Eglise libre, celle qui aspire à la rédemption.

Comme le dit si bien Léonard Santedi : « Si l’Eglise est l’instrument de Dieu pour réaliser la rédemption, la libération et le salut des hommes, dans la société humaine, Dieu veut qu’elle soit présente et agissante là où les hommes et femmes vivent, c.à.d. dans les différents milieux, dans les quartiers. » (L. SANTEDI, L’avenir des ministères laïcs,  pp. 145-146. )

Mais, quel bénéfice ai-je tiré de cette expérience ? Disons que mon expérience pastorale dans la CEVB Boyambi a apporté à mon actif un double profit : la mission et la valeur de l’incarnation et de la solidarité. Ce sont ces deux pôles qui seront au rendez-vous de mon propos.

La mission

Ma présence dans une CEVB dont l’effectif fut au bas de l’échelle pendant un long moment avait tout son poids. Il s’agissait d’être-là en dépit de la diminution des membres. Cette présence m’a fait penser à la mission en tant que le lieu de la révélation de l’espérance.  Et j’ai cru au lieu de la mission, car « c’est le lieu où Dieu est présent et attend chacun» (J. RIGAL, Préparer l’avenir de l’Eglise , p.12) .Dieu attend tout le monde, même celles et ceux qui sont déjà fatigués et qui ne trouvent plus le temps de se réunir avec les autres. Puisque la vie est le lieu où se joue la symphonie de la mission, elle mérite, à en croire le Professeur Evariste Kabemba,  un regard de foi qui lit l’amour de Dieu pour le monde (Jn 3, 16) Notons avec conviction que la foi est essentiellement l’argument probant pour demeurer auprès du peuple de Dieu. La foi est l’autre nom du courage, lorsqu’elle a son fondement en Dieu. La foi est    la conviction qu’avec mes forces humaines, qu’avec mes simples mains humaines, je ne peux faire grand-chose. Sans la foi, la mission perdra facilement la saveur et le zèle s’estompera. Quand il m’arrivait de fléchir, je posais mon regard sur notre  Muyangeli (Responsable de la CEVB) qui, par le truchement de sa foi inébranlable, faisait toujours allusion à la Parole de Dieu, car là où deux ou trois se réunissent en mon nom, je serai au milieu d’eux (Mt 18, 20). Le courage de cet homme, de surcroît un militaire, m’a donné le goût d’être un missionnaire patient, courageux, doux et « capable d’imprévus. »

La valeur de l’incarnation et de la solidarité

En effet, les constitutions de notre famille religieuse sont claires, car elles m’indiquent la voie à suivre à partir de mon contexte : « L’éducation à la mission implique le fait de commencer à vivre dans le concret les idéaux auxquels nous aspirons. Elle exige donc que nous nous insérions dans les milieux et les situations missionnaires, nous solidarisant avec les derniers et ceux qui sont loin. » (Cf. C. 56) J’ai su découvrir la solidarité sans me faire passer pour un étudiant en théologie. Il s’agit d’une solidarité spontanée, qui ne souffre d’aucunes représailles, celle qui élève l’autre et l’aide à redécouvrir sa dignité. Cette attitude m’a permis d’aimer et d’avoir un cœur d’apôtre. En effet, la matérialisation de la Parole de Dieu poussait toute la communauté à aller vers les derniers, en posant des gestes de charité, qui signent le souvenir d’un Jésus qui passait en faisant les biens (Ac 10, 34).  En plus, en tant que missionnaire xavérien, je ne me plaçais pas au-devant pour fournir une exégèse académique, mais je me contentais de l’exégèse du cœur, celle qui jaillit de l’intérieur des femmes et des hommes, des enfants et des jeunes que je rencontrais dans la CEVB dite de foi. Et cela a effacé mes fausses représentations du réel de Dieu et de son message pour l’homme.  Voir un papa, une maman, un jeune, un enfant qui parle de sa foi avec les sentiments du cœur, m’attire et me rend plus homme.

Au demeurant, je remercie le Seigneur pour le don de l’apostolat missionnaire auprès de mes frères et sœurs avec qui j’ai tissé des liens d’amitié et de foi. Toutefois, à la rencontre du peuple de Dieu qui est à dans la CVB Boyambi, quelques défis restent tragiques : le manque de stratégies dans l’animation ou la sensibilisation ; le comité de la CEVB toujours en déliquescence, la non-participation des parents qui frise un certain laxisme et l’arrivée des nouveaux membres à la recherche uniquement des sacrements, le faible taux de partage des sentiments et de ce que la Parole de Dieu ou les instructions suscitent en chacun. L’on pourrait se demander si la CEVB saura donner raison de l’espérance qui est en elle face aux défis alarmants qui lui incombent. Toutefois, notre communauté du Théologat Xavérien, qui appartient aussi à cette CEVB, devra continuer à proposer de nouvelles stratégies pour la redynamiser.

Lucien Bisimwa Nakalonge sx
28 December 2022
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