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Nous avons vu ‘Adù’ – un Film sur l’Immigration Clandestine

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J’ai eu la chance de visionner un film, intitulé Adù ce vendredi. C’était sur proposition du p. Gabriel Arroyo, une façon de fructifier la compagnie de nos deux jeunes confères du Théologat de Parme, venus passer un moment de stage à la maison généralice.  Adù est un petit camerounais, captif d’un destin qui le prive de tout, de son terroir, de sa famille, de son droit de rêver et l’emballe dans une aventure de survie miraculeuse dont la débouchée est un exode vers une destinée inconnue, parce que jamais rêvée ni planifiée. Le contraste d’images dans le film évoque beaucoup de questions sur les explications clichées à propos de la quête du bonheur, de la migration, de l’accueil migratoire, etc.

A attendre les commentaires après la visualisation, Arroyo doit avoir éprouvé une grande satisfaction. En fait quel serait l’objectif de visionner ensemble un film s’il ne s’en suit pas d’un échange, d’un débat constructif. Au courant de cet échange, je me suis rappelé certaines choses qui ont construit mon attitude à l’égard du cinéma. Durant la théologie, notre curriculum avait un cours intitulé « media and communication ».  On en faisait beaucoup de commentaires, surtout du professeur, un vieux jésuite qui à cause de son métier, blaguait qu’il avait passé les trois quarts de sa vie au cinéma. En fait, il était membre du conseil national pour l’audiovisuel, l’équipe chargée de la classification et de la censure des programmes audio-visuels de Metro-Manila, Philippines. Son cours visait à aider les étudiants à intégrer les produits de la masse media dans la prédication et l’évangélisation. Une image ça parle plus haut et plus fort que mille mots !  Et en fait, son cours n’était rien d’autre que visionner des films et par la suite en décortiquer le contenu.  Selon lui, une fois qu’on aurait visionné un lot de films, on saurait quelle image dans quel film communiquerait le mieux l’idée, la valeur, la problématique en vue. Quelle passion ai-je nourrie pour ce cours de Fr. Nick !  Et bien que je n’aie pas passé tant de temps au cinéma, j’ai cas même retenu qu’il y a des films qui valent la peine d’être vus et que chacun doit selon son intérêt et son domaine faire le catalogue de ses films. 

Je me convaincs de plus de cela surtout parce que nous venons d’initier le jubilée du centenaire de la Lettre Testament, un évènement qui nous convie à nous inscrire dans l’histoire. En regardant l’histoire de la coopération entre congrégations et agents pastoraux en Chine, je note que le mass media fut le domaine réservé préférentiellement aux Xavériens. En fait, pour promouvoir un sens d’unité autour de la mission commune de l’Eglise en Chine, Mgr Ribero, premier nonce apostolique en Chine, décida de la création d’un Bureau Central Catholique (BCC) en 1947, une année juste après l’érection de la hiérarchie de l’Eglise Catholique en Chine. Le nonce sélectionna et nomma les membres de cette structure englobante, chacun selon sa compétence.

Les deux xavériens repris dans les annales du BCC travaillèrent tous dans le secteur de la culture. Il s’agit du p. Lorenzo Fontana, sx (1909-1990), et du p. Vincenzo Capra SX (1899-1958), tous deux de Luoyang, Henan. A propos du p. Lorenzo, on retint qu’il avait beaucoup de talents artistiques, dont la musique. Toutefois, quand il joint le BCC en été 1948, c’était pour collaborer avec le département de la culture comme chargé de la classification des films. Il devait s’informer sur toutes les parutions cinématographiques visualisées à Shanghai et en faire une note évaluative pour le journal Catholique : La Chine Missionnaire (China Missionary).  Sur base de leur qualité morale, les films étaient classifiés en quatre catégories :  A1 (zhong眾) : sans objection aucune et donc conseille pour tout public. –  A2 (xian限); objection partielle, pour adultes    – B (texian特限) : réservé et  C (jin禁) : interdit ou proscrit.  A part cette catégorisation, il écrivait une présentation substantielle des films véhiculant les bonnes mœurs et les principes droits.

Pour revenir au piège qu’Arroyo m’a tendu ; je revois la dernière scène du film : Adù, comme Moise est sauvé des eaux, pas celles de la Mer Rouge, mais celles du Canal de Gibraltar, dans l’autre extrême de la Méditerranée. Mais est-ce la terre nouvelle qui l’accueille le sauvera de tourments de sa mémoire où comme dans le cratère d’un volcan virulent bouillonnent les souvenirs vifs de Kimba, le grand éléphant abattu pour ses troncs et dont la chair a été calcinée, de sa maman tuée et abandonnée sans sépulture, de Alika, sa sœur dont le corps glacé s’est envolé dans la nature comme un plume d’oiseau emportée par l’ouragan, et en fin Massar, le héros sans le lequel il n’aurait survécu, ce ‘grand-frère,’  seule créature au monde avec qui il partageait encore quelque chose d’intime et que ses nouveaux sauveurs éconduisent vers un inconnu qui brise tout espoir de se revoir. Volé de son terroir – que les autres appellent Afrique, Adù est un condamné à la survie, un rescapé perpétuel. Mais est-ce la terre nouvelle pourra sonder ses profondeurs et faire en sorte qu’il ait finalement une vie qui soit la sienne !   A part cela, ce film est plein d’autres symboles énigmatiques à découvrir et qui vaillent qu’il soit une priorité sur la liste des films à visionner. Et si tu en as la chance, prêtes l’oreille au vélo de Alika et Adù  pour qu’il te parle de son sort, lui qui arriva en Europe pas comme clandestin… Maintenant que l’abondance nuit, aussi dans le domaine du cinéma actuel, quel bon service rendrait un chroniqueur de bons films ! Merci Gabriel pour ta suggestion provocatrice.

Paulin Batairwa sx
15 Julio 2020
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