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Aimer le Congo a l’exemple de Mgr Danilo Catarzi

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Premier évêque du Diocèse d’Uvira

Introduction

Chers jeunes, le fait d’avoir comme premier évêque du diocèse d’Uvira un missionnaire xavérien nous interpelle tout particulièrement en ce moment où nous sommes en train d’accueillir son corps en ce lieu : le sanctuaire Marial de Kavimvira qu’il a lui-même fondé. Il revient d’Italie, son pays natal. Cela signifie que dans la foi, il nous aime vraiment. Les membres de sa famille italienne, non seulement l’ont compris, ils ont aussi accepté qu’il revienne auprès de nous.  En plus des sentiments de reconnaissance, nous ressentons aussi la responsabilité de continuer ce qu’il a commencé et de corriger ce qui risque de compromettre son héritage.  

Danilo Catarzi logo

Mgr Danilo Catarzi nous aime vraiment non pas parce que notre pays lui avait rendu la vie facile, mais malgré les humiliations qu’il avait subies des mulélistes chez nous à Uvira au même titre que plusieurs congolais à plusieurs endroits du pays. Par exemple, dans la même période, mon père avait failli être tué par les mulélistes à Kibanga.

Mgr Catarzi avait travaillé dans des conditions difficiles quelques années après l’indépendance du Congo en 1960. En effet, il devint évêque en 1962, en 1964 c’était déjà la rébellion muléliste qui emporta à Fizi et Baraka la vie de trois missionnaires xavériens : Fr. Vittorio Faccin, P. Luigi Carrara, P. Giovanni Didonè et l’abbé Albert Joubert en plus de plusieurs autres personnes parmi le peuple de Dieu confié à ses soins pastoraux.

Comme si cela ne suffisait pas, trois autres xavériens oeuvrant dans le diocèse d’Uvira périrent en 1970 dans un accident d’avion à Walungu : Fr. Pirani Tersilio, P. Guerini Narcizio, et P. Simoncelli Luigi, frère du P. Giulio Simoncelli qui est actuellement à Kilomoni.  

Au lieu de se laisser paralyser, il fonda des paroisses viables, des écoles, un économat diocésain efficace, le Centre Pastoral de Kavimvira, soutint le petit séminaire de Mungombe, ordonna quelques prêtres diocésains en plus de ceux qu’il avait hérité du diocèse de Kalemie-Kirungu, fit venir au diocèse les Missionnaires de Marie Xavériennes, les Piccole Figlie, les Sœurs de Santa Gemma, des Fidei Donum, des laïcs italiens, des frères Joséphites, etc.

Parmi nos premiers prêtres du Diocèse d’Uvira je cite Mgr Mugadja Richard, qui est encore parmi nous, Mgr Mutimanwa Corneille et Bukanga Victor d’heureuse mémoire. Ceux-ci furent pour lui des collaborateurs bien appréciés pour garantir l’avenir du diocèse. Personnellement, je me sens toujours proches de ces trois ainés, comme véritables parents dans notre famille diocésaine.

En coutre, je suis heureux de révéler que c’est Mgr Catarzi qui m’avait confirmé à Baraka en 1968. En 1976 il me laissa aller au grand séminaire à Kisangani et puis à Murhesa parmi les séminaristes du diocèse d’Uvira malgré le fait que je lui avais avoué mon souhait de devenir missionnaire xavérien. Mon père Basuzwa Pierre fut son chauffeur fidèle depuis 1970 jusqu’à son départ en Italie en 1980 où il demeura après sa démission comme évêque d’Uvira en 1981.

Les lettres pastorales de Mgr Catarzi, surtout pendant la période pascale laissent transparaitre encore aujourd’hui, son grand amour pour le Congo. Il était en communion avec toute la Conférence Episcopale du Congo et prenait un soin particulier pour la formation de la jeunesse et du laïcat sur le plan doctrinal et celui de la citoyenneté responsable. En plus des écrits, il se montrait proche du peuple de Dieu à travers des visites régulières et bien programmées dans les zones de l’Urega, Uvira et Ubembe, les prêtres de Baraka s’occupaient bien de l’Ubwari et Kibanga malgré le danger du lac et des attaques mulélistes.

N’eut été ces attaques répétées, le P. Palmiro Cima (+2021), d’heureuse mémoire, aurait rouvert la mission de Kibanga en 1968. Avec d’autres jeunes de Baraka, nous nous y étions rendus en parcourant une grande distance à pied et une autre en pirogue entre Ubwari et Baraka.

C’est évident, je voudrais ici encourager les jeunes à considérer le ministère sacerdotal comme moyen de rechercher l’unité nationale, la paix et le progrès social même au prix d’une grande abnégation à l’exemple des missionnaires xavériens, pionniers de notre diocèse d’Uvira.

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Loyauté et proximité avec le peuple

Notre pays est en péril parce que certains de nos dirigeants prennent de la distance vis-à-vis de la population qu’ils devraient servir avec loyauté. Dans une confusion lamentable où l’on ne sait plus qui est congolais et qui ne l’est pas, plusieurs s’infiltrent dans la hiérarchie et agissent sans état d’âme. Ils pactisent avec des prédateurs d’un pays voisin à la solde des multinationales. Ces dirigeants dont je parle ne sont pas que des politiciens, des militaires, des agents de renseignements... Il y a eu un cas bien connu d’un prélat qui ne protégeait pas son troupeau dans le diocèse d’Uvira.

Pour être forts dans la recherche de restaurer l’unité et la transparence au niveau national, il faut nous débarrasser du tribalisme dans notre diocèse. Il nous faut respecter le bien commun en vivant la pauvreté évangélique qui nous libère de toutes sortes de maux. Et en cela aussi Mgr Catarzi nous sert d’exemple, il était pauvre et accueillait tout le monde sans discrimination. Encore enfant, quand je venais de Baraka à Uvira, je passais toujours le saluer et il m’accueillait comme membre de sa propre famille en Christ. Et plus tard, à Parma, après mon ordination sacerdotale, il m’accueillait de la même façon.  

Chers jeunes, je souhaite que certains parmi vous deviennent un jour des prêtres et même des évêques pour sauver notre nation longtemps en danger. Ne trahissez jamais le Congo. Libérerez-vous du complexe d’incapacité. Nous comptons sur vous car notre Eglise a grandement besoin des jeunes enthousiastes et honnêtes capables de consolider l’unité nationale, de sauvegarder le bien commun et de restaurer la dignité de l’Afrique bafouée pendant des siècles. Prions et travaillons à la suite de nos premiers missionnaires en Afrique.

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Communion avec l’épiscopat du Congo/Zaïre

Avec le Cardinal Joseph-Albert Malula (1917-1989), archevêque de Kinshasa, Mgr Aloys Mulindwa Mutabesha Mugoma Mweru (1922-1997), archevêque de Bukavu et Mgr Martin-Bernard Bakole wa Ilunga (1920-2000) archevêque de Kananga, Mgr Danilo Catarzi (1918-2004) était parmi les évêques enthousiasmés par le Concile Vatican II et le pape Paul VI. Ils encourageaient le peuple de Dieu à se tracer un chemin de libération et d’inculturation de l’Evangile en participant activement à la vie ecclésiale et au progrès intégral de la nation congolaise/zaïroise (Populorum progressio).

Mgr Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo (1926-1996) et Mgr Emmanuel Kataliko (1932-2000) archevêques de Bukavu avaient continué courageusement de tracer notre chemin de libération. Ils s’opposaient en paroles et par écrits au diktat de la communauté internationale. Mgr Kataliko demandait aux autres évêques de parler et de démasquer des mensonges flagrants de nos voisins soutenus par la soi-disant communauté internationale. Cette dernière encore aujourd’hui reste indifférente aux souffrances et aux humiliations que subit le peuple congolais pendant trois décennies. En tant que pasteurs en face des prédateurs, ils n’ont pas fui. Ils ont plutôt laissé à la jeunesse congolaise un exemple de courage et de détermination d’agir en faveur de la nation surtout pendant les moments les plus difficiles.  

Cette conférence est une interpellation adressée à la jeunesse d’Uvira en particulier et celle de la RDC en général. En effet, il devient de plus en plus évident que les congolais et les congolaises doivent se prendre en charge. Les vrais amis du Congo se manifesteront en conséquence. Et d’ailleurs des vrais amis du Congo travaillent plus que nous-mêmes. Prenez en exemple deux journalistes camerounais : Alain Foka (1962 - ) et Charles Onana (1964 - ). Nous ne pouvons plus continuer de compter sur tout le monde sauf sur nous-mêmes. Heureusement, nous avons de plus en plus de compatriotes qui servent la cause de notre peuple. Et cela dans toutes les couches de notre société, pas seulement dans le clergé. Chers jeunes, Dieu vous appelle et compte sur vous pour sauver le Congo en péril. C’est à vous de choisir et de renforcer le domaine où vous pouvez mettre votre compétence au service de la nation. Les traitres travaillent beaucoup plus que nous.    

Dans les journées diocésaines des Jeunes célébrées à la Cathédrale d’Uvira en 2018, j’avais justement insisté sur la nécessité de nous  libérer du complexe d’incapacité. Il y a de plus en plus des congolais et des congolaises qui se complaisent à dire, nous n’y pouvons rien, nous sommes des incapables car notre voisin est aidé par les Etats-Unis d’Amérique. Eh bien, non ! -Chers jeunes, Dieu continue de vous donner de grandes capacités comme Il les avait données auparavant à : Kimpa Vita (1684-1706 = 22 ans), Isidore Bakanja (1887-1909 = 22 ans), Patrice Emery Lumumba (1925-1961 = 36 ans), Marie-Clémentine Anoalite Nengapeta (1939-1964 = 25 ans), Mamadou Ndala (1978-2014 = 36 ans).

Pour ce qui nous concerne, je vous invite à imiter l’exemple de Monseigneur Danilo Catarzi et d’autres missionnaires xavériens qui ont travaillé dans ce diocèse. Les guerres et l’insécurité, ne justifient pas en nous le complexe d’incapacité. Au contraire, les guerres d’aujourd’hui éveillent en nous la conscience nationale, le sens de responsabilité et de gratitude envers Dieu qui nous a tant octroyé. A nous de sauvegarder jalousement ce que nous détenons pour les générations montantes. Nous avons le devoir de léguer à notre postérité un peuple ardent, libre et capable de sauvegarder l’intégrité territoriale, l’unité et la dignité nationales.

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Progrès intégral de la population locale

Un Fidei donum, Don Mario Ricca, à Kasika se scandalisait du fait que la population locale portait des chaussures en plastique alors qu’elle jetait la peau des animaux. A base des produits locaux, il tannait les peaux d’animaux pour fabriquer des ballons de football, des ceintures, des sandales, des sacs de voyage et que sais-je encore !

Non vraiment ! Une population congolaise d’environ 90.000.000 d’habitants dont la majorité est constituée des jeunes n’a pas de raison de se laisser intimider par qui que ce soit. Un pays aussi nanti de tant de richesses naturelles n’a pas de raison de souffrir de la faim et des carences de toutes sortes.

Pour sortir le Congo du marasme où il se trouve pendant longtemps, nous avons beaucoup d’atouts : les richesses naturelles, la jeunesse, la foi en Dieu qui nous vient des ancêtres, la joie de prier et la technique de supplier en chantant et en dansant. Nous avons aussi besoin de l’ordre, de la discipline et de la conversion par rapport à la paresse et à la naïveté que nous continuons d’afficher. Nous avons besoin de parler avec franchise à nos dirigeants aussi bien religieux que politiques caractérisés souvent par le laisser-aller laisser-faire. Nous avons besoin d’un leadership qui permet à la population de donner le meilleur d’elle-même.

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Leadership évangélique et éveil de la conscience nationale

Mgr Danilo Catarzi avait travaillé au Congo au moment où nous avions grandement besoin d’un leadership local et de la conscientisation du peuple de Dieu. C’est ainsi qu’il avait contribué à la naissance des Communautés Ecclésiales de Base (CEB) ou Communautés Ecclésiales Vivantes (CEV) réunies autour de la Parole de Dieu et pratiquant le partage des biens matériels et les soucis de la vie dans son ensemble.

Les membres d’une Communauté Ecclésiale Vivante observent ce qui se passe dans l’ensemble du pays et dans le monde. La Parole de Dieu est là pour éclairer l’intelligence, motiver le coeur et renforcer la volonté d’agir en faveur du peuple de Dieu au lieu de servir des intérêts égoïstes.  

Mgr Danilo Catarzi  avait réussi à accroitre chez certains la conscience nationale dans un diocèse constitué d’une mosaïque des tribus qui ont besoin de vivre en fraternité et de valoriser l’interculturalité. Dans ses lettres pastorales il y travaillait avec discrétion. Les responsables laïcs des Communautés jouaient un rôle de plus en plus prépondérant dans la pastorale paroissiale en impliquant dans cette responsabilité tout le peuple de Dieu.

A l’exemple de ce que le cardinal Albert-Joseph Malula faisait à Kinshasa pour former les « Bakambi », c’est-à-dire des dirigeants des communautés paroissiales, à travers le Centre Pastorale de Kavimvira, Mgr Catarzi visait une formation solide à donner aux laïcs et aux jeunes.

Il encourageait une bonne collaboration entre les agents pastoraux dans diverses structures de dialogue. Il rencontrait personnellement les néophytes dans la catéchèse et leur remettait les livrets de baptême. Il visitait toutes les paroisses, le petit séminaire de Mungombe, le grand séminaire interdiocésain de Murhesa, etc. Il était proche des enfants qui couraient vers lui pour le saluer dans la joie et les chants. Il veillait au bien spirituel et au bien matériel du peuple de Dieu. Il y a lieu d’en dire davantage.

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Parole, pains, poissons, eau, vin

Je prends les icones de la Parole, les pains, les poissons, l’eau et le vin dans l’évangile selon de (Jean 2,1-12 ; 6,1-15). Avec le concours de son économat général, Mgr Catarzi manifestait son souci de communier à l’action évangélisatrice de l’Eglise universelle et celui d’éviter toute forme de tribalisme et de détournement des fonds destinés à lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes. Je retiens ici quelques réalisations dans diverses localités du diocèse d’Uvira :

Baraka

  • Mise en marche d’un bateau (BARAKA) coulé pendant la guerre muléliste
  • Revivification du Collège Notre Dame du Tanganyika (Mwenge wa Taifa)
  • Récupération des restes des confrères tués à Fizi et Baraka par les mulélistes

Fizi

  • Sœurs Piccole Figlie à l’hôpital territorial
  • Service à la Léproserie de Buzimba

Kamituga

  • Sœurs xavériennes au Centre pour les personnes vivant avec un handicap
  • Service au Collège Tangila
  • Fidei donum dans la pastorale (Don Dioli)

Kasika

  • Fidei donum dans le développement intégral (Don Mario Ricca)

Kavimvira

  • Sanctuaire marial
  • Centre Pastorale

Kiliba

  • Missionnaires de Marie xavériennes dans le service de la santé
  • Prêtres Fidei donum dans la pastorale d’ensemble (Don Tarcizio)

Kiringye

  • Service des laïcs du « Mondo Giusto » (Letizia et Dottor Fossa)
  • Installation hydroélectrique, Rizerie et huilerie

Luvungi

  • Garage mécanique
  • Missionnaires de Marie xavériennes dans le service de la santé

Mungombe

  • Petit séminaire et Rizerie (abbé Mugadja Hainga Lehani Richard)
  • Collaboration avec les Frères Joséphites
  • Paroisse Mulambula

Mwenga

  • Sœurs de Santa Gemma dans le service de la santé

Nakiliza

  • Pastorale dans l’insécurité
  • Pastorale de sortie vers les périphéries existentielles

Uvira

  • Fabrication d’un petit bateau (Anwalite) à l’économat
  • Revivification du Collège Stella Maris (Mwanga),
  • Service des Sœurs de Saint Joseph de Turin au Lycée Umoja
  • Jeunesse et sport (équipe Juventus - Vijana), etc.
Gabriel Basuzwa sx
25 Novembre 2022
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