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Pèlerinage de Paix et de Miséricorde

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Pèlerinage de Paix et de Miséricorde, le 30 septembre 2015

20ème anniversaire (1995-2015) de l’assassinat de deux missionnaires xavériens :

Ottorino Maule et Aldo Marchiol et d’une laïque italienne : Catina Gubert

Dans la rédaction de ce compte-rendu, j’ai sollicité l’apport du P. Léonidas, xavérien burundais nouvellement ordonné à Gitega (18 juillet 2015) et de trois nos étudiants xavériens burundais. Ceci pour combler mes lacunes en kirundi. En effet, toutes les célébrations à Buyengero se sont déroulées en langue locale.

Le respect de l’autre

Il y a 20 ans, dans une période caractérisée par l’intolérance, la discrimination et le rejet de l’autre au Burundi, le Père Ottorino Maule, un missionnaire xavérien, tenait à évangéliser sur la valeur du respect de l’autre, la nécessité d’une réconciliation sincère, l’exigence de justice et la restauration de la paix sociale. Son message et sa présence devenaient de plus en plus gênantes. C’est dans ce contexte qu’il fut assassiné, le 30 septembre 1995, dans le presbytère de la paroisse de Buyengero dans le diocèse de Bururi, au Burundi. Le Père Aldo Marchiol et Mademoiselle Catina Gubert se trouvaient dans le même presbytère au moment de l’assassinat. Ils furent éliminés en tant que témoins oculaires.

Le 30 septembre 2015, à l’occasion du 20ème anniversaire de ce triste événement, la Région xavérienne du Burundi, organisa un pèlerinage de Bujumbura à Buyengero auquel le Nonce apostolique du Burundi, Mgr Wojciech Zaluski, dix prêtres xavériens et 22 étudiants xavériens burundais prirent part.

Le départ était fixé à la Maison de Formation des Missionnaires Xavériens de Bujumbura. Le pèlerinage se constitua en caravane de cinq véhicules dont celui du Nonce apostolique et un minibus où prirent place presque tous les étudiants en compagnie de leur recteur. La voiture du régional suivie de celle du Nonce ouvrit la marche quelques minutes avant 8h00 du matin.

Un pèlerinage à la recherche de la paix et la promotion de la miséricorde

Tout au long du voyage, dans le minibus des étudiants, il y avait une succession de prières et de chants religieux qui marquaient le pèlerinage dans sa recherche de paix et de réconciliation au Burundi pendant que le pays est en train de plonger dans des troubles sociopolitiques et l’insécurité généralisée. Dans la voiture où je me trouvais, nous avions organisé la prière de chapelet pendant la première partie du voyage.

Nous sommes arrivés sains et saufs à Buyengero autour de 10h00. Comme la messe était prévue pour 10h30, nous avions eu le temps de visiter le salon où furent assassinés les confrères et d’y prendre une tasse de thé. Les impacts des balles tirées sur nos confrères sont encore visibles dans un mur qui garde son décor d’il y a 20 ans. Autour de l’église régnait une atmosphère de présence ressentie des trois martyrs de la paix et de la réconciliation nationale.

Trois martyrs : « donner sa vie pour ses amis. »(Cf. Jean 15, 13)

L’évêque de Bururi, Mgr Venant Bacinoni, était à l’heure et les célébrations du pèlerinage de la Paix et de la Miséricorde commencèrent par une procession aux tombes de trois martyrs construites à côté de l’église paroissiale. L’un de nos étudiants était frappé du fait que même les sœurs xavériennes assassinées à Kamenge l’an dernier étaient au nombre de trois… Il regrette le fait que 20 ans plus tard, « on n’arrête pas de tuer » ceux et celles qui annoncent la Bonne Nouvelle de Paix et de Miséricorde.

Justement, devant les tombes des martyrs de Buyengero, l’évêque de Bururi insista sur la nécessité de lutter contre la discrimination qui cause encore des misères au Burundi. Même les chantres autour de trois tombes clamaient dans une voix paisible : la propagation de l’amour pour ne pas refaire les fautes du passé. Ils ont chanté la lutte contre la discrimination, « Gwanya amacakubiri. » Aujourd’hui, nos étudiants se sentent davantage interpelés par le fait que la vocation xavérienne inclut effectivement la réalité du martyre. C’est le cas de se rappeler également de trois missionnaires xavériens assassinés à Baraka et à Fizi (RDC) en 1964 dans un contexte de guerre civile. Dans ma vocation, je me sens également redevable des martyrs xavériens au Congo en compagnie d’un prêtre local, abbé Joubert. Le Seigneur fortifie ses élus.

La persistance de la confiance au Seigneur

Les célébrations se sont passées dans une atmosphère de grande piété, de sérénité et de confiance dans le Seigneur. Parmi les prêtres qui ont concélébré il y avait 12 du diocèse de Bururi, 10 xavériens dont 2 burundais l’un ordonné l’an passé et l’autre cette année. Le sang des martyrs du Burundi portera sûrement des fruits de paix, de miséricorde et de vocations authentiques. Epitace, un prêtre xavérien burundais nouvellement ordonné va bientôt en mission au Mozambique.

Pour ce que j’ai pu retenir, nous étions originaires de 7 différents pays : Argentine, Burundi, Italie, Mexique, Pologne, RDC et Rwanda. La présence des enfants et des jeunes à la célébration eucharistique nous donne l’espérance de créer une nouvelle mentalité de lutte contre le refus de l’autre. Nous sommes reconnaissants envers le pape François qui nous donne déjà une nouvelle année dédiée à la Miséricorde en nous demandant de sauvegarder notre maison commune. Il nous demande de nous considérer comme membres d’une même famille de Dieu.   

Dans différents messages délivrés au cours de la célébration eucharistique retenons celui de l’évêque du lieu. Celui-ci insista sur la fraternité, la réconciliation, la recherche de la paix et l’effort de ne pas retomber dans la tourmente des massacres qui avaient justement emporté les martyrs de Buyengero. Il a remercié les Missionnaires Xavériens et tout particulièrement les martyrs de Buyengero pour leur témoignage d’amour et la semence qu’ils ont jetée en terre burundaise. Leur sacrifice portera, sûrement et certainement, le fruit de justice, de paix et de réconciliation. L’évêque de Bururi demande aux xavériens de revenir travailler dans son diocèse pour y marquer la possibilité d’une acceptation mutuelle malgré la diversité des origines des membres de la famille de Dieu dans la maison commune.

Le Régional des missionnaires xavériens a présenté la signification profonde du pèlerinage. Il a aussi souligné le fait que le rappel de ce qui est arrivé il y a 20 ans peut nous aider à obtenir la paix que nous recherchons aujourd’hui. En effet, si nous ne tenons pas compte du passé, nous risquons de revivre indéfiniment les mêmes désastres au lieu de bénéficier du sacrifice de ceux et celles qui ont versé leur sang pour obtenir la réconciliation, la justice et la paix.

Œcuménisme et recherche de paix

La célébration a pris une note œcuménique en donnant la parole au secrétaire de l’évêque anglican du diocèse de Rumonge, une nouvelle province au Burundi située non loin de Buyengero. Lui aussi a plaidé pour la consolidation de la fraternité. L’Eglise universelle était effectivement représentée par la présence du Nonce apostolique au Burundi.

Le Nonce apostolique intervint en Français. Il a annoncé la visite du pape François au Kenya, en Ouganda et en République Centre Africaine. Il nous a rappelé son rôle de rendre le pape présent même dans les coins les plus reculés de la terre. En nous donnant la bénédiction papale, il nous a aussi promis de continuer de manifester la sollicitude du pape François envers le Burundi surtout en ces jours où le pays traverse des moments très difficiles.

Consolider la fraternité universelle

La clôture du pèlerinage à Buyengero était marquée par le partage d’un repas fraternel entre quelques représentants de la paroisse et ceux et celles qui sont venus de loin. A part notre caravane, cette année il n’y a pas eu beaucoup de monde venu de loin. Cela est dû certainement à la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays. C’est à cause de la situation actuelle du Burundi que j’appelle notre caravane : Un Pèlerinage de Paix et de Miséricorde. Nous espérons que le Seigneur exaucera notre prière.

Je tiens à mentionner la présence de Radio Maria Burundi dans son reportage des événements vécus à Buyengero, le 30 septembre de cette année. Radio Maria fera certainement écho de notre recherche de la Paix et la promotion de la Miséricorde parmi les enfants du même Père du Ciel.

Sur le chemin de retour, notre caravane s’est arrêtée à Minago au monument commémoratif de l’assassinat du Nonce apostolique, Mgr Michael Aidan Courtney (+29 décembre 2003). Nous y avons prié pour la paix et la réconciliation. Sportivement, Mgr Wojciech Zaluski, l’actuel Nonce apostolique au Burundi, enleva quelques toiles d’araignées qui se voyaient ostensiblement sur la croix dressée sur un petit monument dédié à son prédécesseur. Ce geste d’attention et d’affection nous encourage à demeurer toujours les portes-flambeaux de ceux et celles qui nous ont précédés dans l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut dans divers coins du monde. Notre pèlerinage se termina en beauté dans notre Maison de Formation de Bujumbura avec les vêpres à 19h10.

Père Gabriel Basuzwa, s.x.

Bujumbura, le 3 octobre 2015

Basuzwa Gabriel sx
03 Ottobre 2015
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