Ce 27 Avril 2021, la Sierra Leone fête 60 ans de son indépendance politique. Pays en paix et où il fait beau vivre, la Sierra Leone est méconnue d’un large public surtout extérieur. Ses progrès accomplis après les années de crise politique et sociale sont souvent ignorés.

Article publié sur le site des Missionnaires Xavériens en Afrique

Un regard autre que celui de « blood diamond »

Pour un certain imaginaire, la Sierra Leone ressemble aux faits relatés dans le film « blood diamond » d’Edward Zwick avec Leonardo Di Caprio, Djimon Hounsou et Jennifer Connelly. Ce film qui s’inspire des affres de la guerre civile en Sierra Leone  a fait connaître à la face du monde l’image d’un pays qui croupit dans la misère malgré ses riches ressources naturelles et surtout son diamant. Plus récemment, c’est le virus d’Ebola qui a encore fait parler de la Sierra Leone. Autant de clichés négatifs qui font que ce pays soit décrit comme dangereux et donc à éviter.

Pourtant, une fois sur place, on se rend compte que la réalité est autre que celle décrite dans « blood diamond ». Certes, depuis 1991 la Sierra Leone a connu une guerre civile atroce et les cicatrices se font encore voir sur les victimes. Mais aujourd’hui, c’est un pays en paix qui fête ses 60 ans d’indépendance politique. En effet, depuis 2007, le pays a entamé un processus démocratique qui ne fait que se consolider. En 2018, le pays a eu une alternance politique réussie avec l’élection de l’actuel président Julius Maada Bio issu du parti de l’opposition. Il a remplacé Ernest Bai Koroma, élu en 2007 et réélu en 2013. C’est dire que 30 après le début de la guerre civile, c’est une Sierra Leone nouvelle que le monde découvre.

Heureusement, les clichés négatifs commencent déjà à tomber. En effet, en marge de la célébration de la fête de l’indépendance, la chaîne France-Télévision a consacré un reportage au tourisme en Sierra Leone. Diffusé le 22 avril au journal de 20h, le journaliste parle de la Sierra Leone comme d’un « paradis naturel oublié, pays en paix depuis longtemps, une de plus belles cotes d’Afrique de l’Ouest ». C’est donc un regard nouveau qui est entamé.

Le meilleur produit à exporter

Au-delà de belles plages pour le tourisme, la Sierra Leone offre plus qu’on ne puisse l’imaginer. Il s’agit d’une coexistence pacifique entre les religions ; la Religion traditionnelle, l’Islam et le Christianisme. Au fait, selon un rapport du conseil interreligieux de la Sierra Leone, en 2019, sur une population estimée à 7, 813, 215, 77% sont des musulmans, 21% sont des chrétiens à majorité protestante et 2% appartiennent aux religions traditionnelles. Même si le pays est à majorité musulmane, tous ses présidents ont été chrétiens à l’exception de Ahmad Tejan Kabbah qui était musulman. C’est un fait rare en Afrique qu’il convient de noter. Car en général le fait religieux pèse beaucoup sur l’échiquier politique.

Dans son encyclique Fratelli Tutti, sur la fraternité et l’amitié sociale (2020), dans la section consacrée à la « Religion et la Violence » (281-284), le pape François parle « d’un cheminement de paix qui est possible entre les religions », (n°281). Le contexte d’harmonie entre les religions en Sierra Leone prouve que la paix entre les religions n’est pas seulement une possibilité, mais une réalité. Dans un monde où les conflits interreligieux sont exaspérés par les facteurs économiques et politiques, l’expérience sierra léonaise s’offre comme un exemple. C’est pour dire que ce que le pays a de meilleur à offrir au monde, c’est  son modèle de paix entre les religions. Voilà le meilleur produit qu’il a à exporter, mieux que le diamant.

Après 60 ans d’indépendance, la Sierra Leone a fait un bon chemin de progrès politique et social. Le pays doit aujourd’hui affronter d’autres défis s’il veut consolider les acquis du passé. J’en mentionne trois.

1. le progrès dans le domaine de la justice sociale en vue d’une redistribution équitable des richesses entre ses citoyens ;
2. la lutte contre la corruption  afin de permettre au pays d’augmenter ses revenus et donc être capable de payer un salaire décent à ses fonctionnaires ;
3. la formation de véritables sujets politiques afin de faire un discernement informé au moment du vote. Et ainsi tourner le dos au vote bipolaire et régional qui ne laisse aux citoyens que le choix entre le APC et le SLPP, les deux partis politiques majoritaires.

Ces défis peuvent être relevés by « God’s pawa », par la grâce de Dieu- comme on dit communément en Sierra Leone et par l’amour immense pour « Mama Salone » qui caractérise les sierra léonais.

So help us God !

Sierra Leone: a new perspective 60 years later

This April 27, 2021, Sierra Leone celebrates 60 years of its political independence. A country at peace and where it is wonderful to live, Sierra Leone is unknown to a large public, especially outside. Its progress after years of political and social crisis is often overlooked.

Article publié sur le site des Missionnaires Xavériens en Sierra Leone

A look other than that of "blood diamond"

For many people, Sierra Leone looks like the events discribed in the film "blood diamond" by Edward Zwick with Leonardo Di Caprio, Djimon Hounsou and Jennifer Connelly. This film, which is inspired by the horrors of the civil war in Sierra Leone, brought to the world the image of a country languishing in misery despite its rich natural resources and especially diamond. More recently, it was the Ebola virus that once again made Sierra Leone to appear on the headlines of TV news. Thus, there are so many negative clichés that this country is described as dangerous and therefore to be avoided.

However, once there, we realize that the reality is different from that described in “blood diamond”. Certainly, since 1991 Sierra Leone has experienced an cruel civil war and the scars are still visible on the victims. But today it is a country at peace celebrating 60 years of political independence. Indeed, since 2007, the country has started a democratic process. In 2018, the country had a successful political change of power with the election of the current President Julius Maada Bio from the opposition party. He replaced Ernest Bai Koroma, elected in 2007 and re-elected in 2013. In other words, 30 years after the start of the civil war, the world is discovering a new Sierra Leone.

Fortunately, the negative stereotypes are already starting to fall. Indeed, in preparation of the celebration of Independence Day, the France-Television channel consacrated a report to tourism in Sierra Leone. Released on April 22 in the 8 p.m. Tv programme, the reporter referred to Sierra Leone as a "forgotten natural paradise, a country at peace for a long time, one of the best coasts in West Africa." It is therefore a new look that is initiated.

The best product to export

Beyond beautiful beaches for tourism, Sierra Leone offers more than one can imagine. It is about peaceful coexistence among religions; Traditional Religion, Islam and Christianity. According to a report of  the Inter-Religious Council of Sierra Leone, in 2019, out of an estimated population of 7, 813, 215, 77% are Muslims, 21% are Christians predominantly Protestants and 2% belong to traditional religions. Even though the country is predominantly Muslim, all of its presidents have been Christians except Ahmad Tejan Kabbah who was a Muslim. It is a rare fact in Africa that it should be noted. Because in general the religious fact weighs a lot on the political scene.

In his encyclical Fratelli Tutti, on fraternity and social friendship (2020), in the section devoted to “Religion and Violence” (281-284), Pope Francis speaks of “a journey of peace that is possible between religions ”, (n ° 281). The context of Inter-religious harmony in Sierra Leone proves that peace among religions is not just a possibility, but a reality. In a world where inter-religious conflicts are exasperated by economic and political factors, the Sierra Leonean experience stands out as an example. This is to say that the best the country has to offer the world is its model of peace among religions. This is the best product the country has to export, better than diamond.

After 60 years of independence, Sierra Leone has made a good path of political and social progress. The country must now face other challenges if it has to consolidate the gains of the past. In my view, three are the major challenges that the country has to address.

1. Progress in the field of social justice in view of a fair redistribution of wealth among its citizens;
2. fight against corruption in order for the country to increase its income so as to be able to pay a fair salary to all public servants;
3. formation of real political subjects in order to allow them to make an informed discernment in time of political elections. And thus to avoid the bipolar and regional vote which leaves the citizens only the choice between the APC and the SLPP, the two major political parties.

These challenges can be met by "God’s pawa", by the grace of God - as it is commonly said here in Sierra Leone, and by the great love for "Mama Salone" that characterizes Sierra Leoneans.

So help us God!